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		"Bouche bée, elle fixe le grand orgue accroché sous la rosace : 
		l'un des tuyaux a bel et bien disparu !" 
		ou 
		encore : 
		"Tota estabosida, es a fintar l'orguena granda jos la rosassa : 
		coquin de sòrt, i manca un tudèl !" 
		 
		- 
		Géant ! 
		- Face-de-Plomb 
		- 
		Musicas d'autan 
		 
		
		Géant ! 
		
		"Bouche bée, elle fixe le grand orgue 
		accroché sous la rosace : l'un des tuyaux a bel et bien disparu !" 
		Et pas n’importe lequel ! Le plus grand. Le tuyau central. La petite 
		fille reste immobile pendant de longues minutes. Si elle s’attendait à 
		ça ! Elle écarquille bien les yeux, se pince plusieurs fois, comme le 
		dit et fait sa grand-mère parfois pour être certaine de ne pas rêver. 
		Non, elle ne rêve pas ! Il n’est plus là, par elle ne sait quel tour de 
		prestidigitation. Elle adore prononcer ce mot savant « prestidigitation 
		» qui l’aide à avoir une bonne diction. Bien mieux que le mot « magie » 
		! En tout cas, elle a bien du mal à imaginer quel pourrait être 
		l’illusionniste ou le voleur qui a osé faire disparaître le plus grand 
		tuyau et par quel enchantement.  
		L’index sur la bouche, elle réfléchit. Qui a bien pu subtiliser la tige 
		de la grande fleur de vitrail qui surplombe l’orgue majestueux ? 
		Imprévisible, impensable ! Quoique… Dieu sait si à son âge l’imagination 
		est fertile, alors elle a bien une petite idée… 
		 
		Annabelle se rend tous les jours à l’église avant d’aller à l’école. 
		Juste pour prier devant la croix. Devant la statue de la Vierge. Devant 
		les différents saints sculptés et recueillis au pied des colonnes. 
		Devant la frêle lueur d’un cierge qui brûle. Ou mieux, devant les 
		reflets multicolores des vitraux sur le dallage et les murs sombres. 
		Souvent elle passe sa main dans ces rayons aux couleurs d’arc-en-ciel et 
		s’amuse des ombres qu’elle fait naître au milieu des taches d’aquarelle 
		dessinées par le premier soleil du jour. C’est magique. Elle n’est pas à 
		proprement croyante comme le sont certaines de ses amies. Non, juste un 
		désir de vouloir croire que quelqu’un exaucera son vœu. Alors, chaque 
		jour elle pousse le ventail de chêne épais et patiné, se réjouissant du 
		cri rauque et grinçant poussé par les gonds fatigués. Ce son qui annonce 
		sa venue quotidienne, sauf le dimanche parce qu’il y a trop de monde. 
		Elle se réjouit de son écho qui résonne et emplit la nef, comme si ce 
		bruit décuplé allait réveiller la bonne âme qui sommeille au-dessus des 
		bancs alignés, dans les recoins obscurs et derrière les autels et les 
		pierres endormies. Comme si le grincement allait tirer une oreille 
		attentive et bienveillante dans l’au-delà ; une oreille prête à 
		l’écouter. 
		 
		Ce matin, après sa découverte et surtout après ses déductions, la 
		fillette ressort de l’église animée d’un feu intérieur, oppressant, mais 
		ô combien doux et excitant, comme si elle était la seule à détenir un 
		secret. Comme si elle était la seule à connaître la vérité. La vérité 
		vraie. Toute guillerette, Annabelle saute d’un bond les trois marches du 
		petit parvis et part en sautillant vers l’école. Vite, il faut faire 
		vite avant que la cloche ne sonne, et profiter de quelques minutes dans 
		la cour pour glisser un mot à Lucie sa meilleure amie avant de se mettre 
		en rang pour rentrer dans la classe. Evidemment, aujourd’hui, le 
		cartable est devenu bien léger.  
		La joie est de courte durée. Lucie n’est pas là ! Mince ! Malade 
		peut-être ? Je lui dirai demain pense-t-elle, ou après-demain. 
		 
		A la récréation, l’attroupement des garçons sous le grand marronnier 
		l’intrigue. Annabelle s’approche discrètement, très discrètement. Le 
		plus discrètement possible parce que les garçons n’aiment pas trop la 
		présence des filles quand il s’agit de partager un secret. Ils sont si 
		agités qu’ils ne la voient même pas. Alors dans leurs dos elle tend 
		l’oreille, et ce qu’elle entend la ravit. Ah, elle avait raison devant 
		l’orgue au tuyau volatilisé ce matin ! Et elle est la seule à connaître 
		l’origine de cet enchantement. Enfin, de ces enchantements… Car le grand 
		Marcel a bien dit que l’abreuvoir à l’entrée du village était vide et 
		aussi sec que la terre en fin d’été après la canicule. Elle l’a bien 
		entendu. Les garçons parlent même d’y aller jouer à la tic ou à la 
		pyramide avec leurs billes en terre peinte. Alors il ne peut en être 
		autrement. C’est d’une criante évidence ! Un géant est venu boire toute 
		l’eau de l’abreuvoir. Or ce géant a bien eu besoin d’une paille à son 
		échelle pour siroter l’abreuvoir jusqu’à la dernière goutte ! Et où 
		a-t-il bien pu trouver une paille à sa taille si ce n’est sur l’orgue de 
		l’église ? Un géant, ce ne peut être que lui. Oui, lui ! Celui dont elle 
		demande la venue chaque matin. 
		 
		Le tuyau d’orgue ? Une paille ! Ce n’est peut-être pas ainsi que le 
		voient les curé, maire et conseillers municipaux sans doute, mais 
		Annabelle n’en a que faire. S’ils sont contrariés, elle, par contre, est 
		aux anges. Le géant est de retour. Parce que son absence, ça vous laisse 
		un vide immense dans le cœur. Un trou béant. Aussi gigantesque que le 
		géant lui-même et bien plus encore ! Le cœur n’a plus alors la même 
		musique, un peu comme l’orgue dorénavant. 
		L’après-midi passe, aussi légère que la libellule qui virevolte 
		au-dessus d’une mare. L’esprit de la gamine vole de-ci de-là. Le menton 
		dans le creux de sa main, le coude appuyé sur la table, elle suit pas à 
		pas les pas du géant. Eût-il chaussé ses bottes de sept lieues qu’elle 
		l’accompagnerait partout et qu’elle irait aussi vite que lui. Les tables 
		de multiplication et l’orthographe sont aux antipodes de ses pensées. La 
		grammaire et la géographie sont le cadet de ses soucis car le géant est 
		là, à côté, ou pas loin. Elle le sait, elle le sent. Il se cache mais 
		elle le retrouvera bientôt. 
		 
		De retour à la maison, elle avale son goûter en deux bouchées et se 
		précipite dans sa chambre. Surtout ne rien dire à sa mère ni au moindre 
		adulte d’ailleurs. Sous prétexte de faire ses devoirs, la fillette a 
		refusé de manger une troisième crêpe et s’est vite dépêchée d’oublier 
		dictée et poésie pour ouvrir son carnet secret et y raconter les 
		derniers évènements. Et surtout y écrire son histoire. Celle du géant 
		assoiffé. Du géant malicieux qui vient de faire une belle farce au curé, 
		au bedeau et à tous les paroissiens. Du géant espiègle qui lui redonne 
		le sourire à cause de cet emprunt original et insolite. Car son géant 
		n’est pas un voleur, non ! 
		La nuit est agitée. La vision de l’homme immense se promenant dans le 
		village et alentours, le tuyau sur l’épaule, puis s’abreuvant au lavoir 
		après avoir siphonné l’abreuvoir ne la quitte pas. Pour sûr, Annabelle a 
		eu des frissons et s’est amusée à se faire peur. De ces peurs qui vous 
		excitent et vous tétanisent de plaisir. De ces peurs qui vous fascinent 
		et que vous essayez de dompter avec maladresse et dont vous quémandez le 
		doux vertige.  
		 
		Le petit-déjeuner est englouti en moins de deux. Les bises de maman 
		claquent dans le vide tant sa fille part en coup de vent ce matin. Elle 
		a eu beau crier « Annabelle ! Annabelle ! », la fillette a détalé comme 
		un lapin. 
		Passage par l’église. Le tuyau est toujours absent. Cela n’intrigue plus 
		la petite fille. C’est sûr, le géant l’a gardé avec lui pour boire dans 
		tous les abreuvoirs de la région. Dans les mares des fermes, dans les 
		étangs et les lacs. Pour sûr, il doit attendre la nuit pour boire. Ou 
		bien il attend les brumes du matin pour passer inaperçu. Par contre, ce 
		qui l’intrigue le plus, c’est qu’aucun ne semble savoir. La vie paraît 
		continuer comme si de rien n’était. Aucune agitation sous les platanes 
		où sont réunis les vieux boulistes. Même le curé affiche son éternel 
		sourire. Et le maire qui plaisante avec la timide épicière. Personne au 
		village ne semble se soucier de l’étrange disparition. Bizarre tout de 
		même… 
		Lucie n’est pas revenue. Crotte et crotte et zut de zut ! Elle aurait 
		tant voulu lui confier sa découverte. Son secret : ça y est, il est là ! 
		Depuis le temps que je prie et que j’implore pour qu’un miracle arrive ! 
		Annabelle avait même pensé faire un trait d’esprit pour conclure son 
		histoire. Si Lucie avait pu être là, elle lui aurait murmuré à l’oreille 
		: « C’est géant, non ? » 
		Bon, ben ça sera pour demain. 
		 
		Le lendemain, rebelote ! Même rituel. Un chocolat chaud vite avalé, deux 
		madeleines et les baisers de maman qui se perdent dans les cheveux qui 
		volent déjà. Passage à l’église. Petite pause devant l’orgue toujours 
		amputé de son tuyau. Une main qui fait des vagues dans le bénitier en 
		quittant le lieu, histoire de faire comme un clin d’œil au Bon Dieu, si 
		c’est bien lui qui a exaucé son souhait, pour le remercier. Cavalcade 
		entrecoupée de trois à cinq sauts à cloche-pied sur les dalles d’égout 
		comme à la marelle avant d’entrer dans l’école. Mais que fait Lucie ?
		 
		Le surlendemain est identique.  
		Le lendemain du surlendemain, c’est jeudi. Jeudi, il n’y a pas école, 
		alors Annabelle est partie jouer vers le lavoir, histoire de vérifier si 
		l’eau a disparu. La source alimente toujours le lavoir de son filet 
		clair et chantant, néanmoins il lui semble bien que le niveau a baissé 
		tout de même. C’est certain, le géant a bu et retournera boire à cette 
		source. Il a toujours bu beaucoup son géant, parce qu’il avait une soif 
		de géant, un point c’est tout. Annabelle sait alors qu’elle reviendra, 
		une nuit, pour le surprendre à cet endroit. 
		 
		Vendredi, Lucie est de retour. Chouette ! Et elle, elle a aussi des 
		choses à raconter. Un, une vilaine angine l’a clouée au lit pendant 
		trois jours. Fiévreuse. Aphone. Heureusement, tisanes et cuillères de 
		miel l’ont guérie. Bien plus que le sirop prescrit par le docteur. Deux, 
		quelqu’un a volé une énorme marmite chez sa voisine. Mais pas seulement 
		! On lui aurait aussi volé la grosse brassée de foin de luzerne destinée 
		aux lapins. Quand Annabelle entend ça, son sang ne fait qu’un tour. 
		C’est encore un coup du géant. Elle s’empresse de raconter par le menu 
		ce qu’elle a vu et ce qu’elle en a déduit. Le vol de la marmite et de la 
		botte de foin vient confirmer qu’elle a raison une fois de plus. Son 
		géant fume la pipe, elle le sait. Pas besoin de se triturer les méninges 
		pour comprendre que la marmite bourrée jusqu’à la gueule d’herbes sèches 
		et embrochée sur le tuyau d’orgue s’est transformée en une gigantesque 
		pipe que le géant a dû fumer et savourer, allongé au pied d’un arbre en 
		lisière du bois des Fées à quelques kilomètres d’ici. D’ailleurs, il n’a 
		pas échappé à la fillette ce matin que des volutes de fumée 
		s’échappaient du bois. Le géant s’était trahi ! Mais pourquoi alors 
		tarde-t-il tant à se montrer ? Lucie, qui a réponse à tout – et c’est 
		bien pour cette raison qu’elle est une amie sur qui Annabelle peut 
		compter – lui a dit que le géant aime jouer avec Annabelle et qu’il la 
		teste. Il lui envoie des indices, histoire de bien lui prouver qu’il est 
		de retour. Effectivement dans ses souvenirs, la fillette revoit le géant 
		boire beaucoup puis fumer la pipe. Souvent. Son géant a toujours bu et 
		fumé. Elle se remémore. Elle se revoit, émerveillée devant les 
		arabesques aériennes et volatiles dessinées par la fumée, y cherchant 
		des formes d’animaux, des visages, tout comme elle le fait régulièrement 
		en regardant les nuages. 
		 
		Des nuages, ce matin il n’y en a pas beaucoup dans le ciel tant le vent 
		a soufflé et rugi cette nuit. Etait-ce bien le vent d’ailleurs ? 
		Annabelle a reconnu la voix grave et rauque du géant hurler au-delà des 
		vallons et cingler sur les volets de sa chambre. Un son amplifié, parce 
		qu’à n’en pas douter le géant soufflait dans le tuyau d’orgue. Une 
		plainte. Un déchirement car il ne peut la rejoindre, a-t-elle aussitôt 
		imaginé. 
		 
		Elle revoit ses grandes mains de géant la soulever de terre comme un 
		fétu de paille et entend son rire rocailleux lui fracasser les oreilles. 
		Il la porte à bout de bras, et elle peut presque toucher le ciel. Ses 
		deux grands pieds de géant sont plantés dans la boue de la cour de la 
		ferme, telles les racines ancrées d’un orme noueux et imposant. Il rit 
		de la voir rire et elle rit de le voir rire. Le géant la repose au sol 
		après avoir déposé un baiser sur son front. Ils sont heureux. Maman rit 
		avec eux. Et puis un jour elle n’a plus ri. Le géant est parti. Parti 
		avec d’autres comme lui. Loin au nord.  
		Alors depuis l’été 1914, elle se rend tous les jours à l’église pour 
		implorer qu’on lui rende son géant. 
		« Dis, si tu m’entends, fasse que mon papa revienne ! Il est géant mon 
		papa tu sais ! » 
		 
		Si Annabelle savait combien de géants en cet été 1916 sont tombés, pieds 
		embourbés dans les tranchées, face contre terre à boire la glaise, le 
		feu et la ferraille tombés du ciel. Au front, chaque jour, les orgues 
		résonnaient de mélodies assourdissantes, tragiques et funestes. Il ne 
		fait aucun doute que tous ces géants terrifiés n’avaient qu’un seul 
		souhait en tête : que de pareils orgues perdent leurs sinistres tuyaux 
		et disparaissent à jamais. 
		 
		
		Texte 
		
		de Emmanuel 
		Broc, de L'isle-Jourdain (32), 2017 
        
          
          
            
              
                
                 
              	
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                Face-de-Plomb 
				Bouche bée, elle fixe le grand 
				orgue accroché sous la rosace : l’un des tuyaux a bel et bien 
				disparu ! 
				- Monsieur le curé ! Monsieur le curé ! 
				Bérangère se précipite vers le presbytère. Elle est drôle, la 
				Bérangère. Quand elle passe devant l’autel en courant, avec ses 
				bras lancés n’importe comment par-dessus sa tête, et sa vieille 
				robe de calicot noir qui lui remonte au genou, on dirait une 
				danseuse gitane en plein flamenco. Un flamenco pas trop enlevé, 
				peut-être, mais à quatre-vingt deux ans, c’est déjà beau de 
				danser encore. 
				- Monsieur le curé ! 
				Monsieur le curé paraît à la porte de ses appartements. 
				Bérangère lui assène la disparition qu’elle vient de constater. 
				Le curé est horrifié. Il se signe. Mais à l’envers, ce con. Ça, 
				c’est un défaut qu’il a - Bérangère l’a remarqué dès le jour où 
				il est arrivé. Pas que ce soit un mauvais curé, non… même s’il 
				est encore un peu vert… Mais il confond toujours sa gauche et sa 
				droite. Alors quand il se signe comme ça, dans le mauvais sens, 
				il y a toujours un moment où Bérangère finit par se représenter 
				le Christ accroché sur sa croix à l’envers, la face contre le 
				bois et le cul tourné vers les fidèles. Et ça, c’est le genre de 
				pensée qui ne doit pas être du goût du Tout Puissant. 
				Monsieur le curé file vers le lieu du crime. Lui, ce n’est pas 
				un mélomane. Il n’y connaît rien en musique, rien en 
				instruments. Infoutu de s’y retrouver dans cette jungle de 
				tuyaux qui croît sur le buffet de l’orgue, il demande à 
				Bérangère : 
				- Où est ce que ça manque, exactement ? 
				Bérangère lui montre l’emplacement béant. À ses yeux 
				d’organiste, il est aussi visible qu’une dent déchaussée dans le 
				sourire d’une miss. C’est moins évident pour le curé, mais il 
				constate, il constate, grave, responsable, une main sur la 
				hanche et l’autre qui lui frotte pensivement le menton. Il finit 
				par demander :  
				- Et ce tuyau qui a disparu, il correspond à quelle note, au 
				juste ? 
				- Le ré, dit Bérangère. Dans les aigus. 
				- Jésus Marie Joseph ! souffle le curé comme si la disparition 
				d’un fa ou d’un si bémol eût été moins problématique. Et vous 
				pourrez quand même jouer le morceau ? 
				- Vous ne m’écoutez pas, Monsieur le curé. Je viens de vous dire 
				qu’il manquait le ré aigu. Comment voulez-vous que je joue 
				l’Adagio d’Albinoni sans le ré aigu ? Ce serait comme de se 
				faire une partie de boulinge avec la moitié des quilles. 
				- Jésus Marie Joseph ! répète le curé en recommençant à se 
				signer de sa façon bizarre – et revoilà le cul du Seigneur qui 
				apparaît en vision à Bérangère. 
				 
				Monsieur le curé retourne à l’autel. Derrière les vitraux, on 
				devine les premières voitures garées sur la place, et toutes ces 
				silhouettes noires qui attendent le corbillard. 
				De Jeansac, Émile, Lucien, Amédée. 1929 – 2016. 
				Une sommité. Un type riche à millions. Qui aurait eu les moyens 
				de racheter la cathédrale d’Albi, de s’y payer des funérailles 
				de premier ministre, et d’y convier les familles princières du 
				monde entier. Mais non. Émile avait ses racines. Il était né 
				dans le village, y avait vécu autant que possible, et c’est dans 
				sa petite église qu’il tenait à tirer sa révérence… C’est qu’il 
				l’aimait, cette église, il l’avait prouvé plus souvent qu’à son 
				tour. Tenez, les ravalements, par exemple… C’était lui. Le 
				clocher qu’on avait retapé après le grand orage de 69… encore 
				lui ! Et cet orgue ? Vous croyez qu’une paroisse de ce calibre 
				avait les moyens d’un orgue, même un tout petit comme ça ? Non ! 
				L’orgue, c’était aussi Émile, bien sûr ! Mais gentleman, avec 
				ça, car il n’avait rien demandé en retour de ses faveurs, 
				jamais, si ce n’est que la Bérangère lui jouât l’Adagio 
				d’Albinoni le jour de son enterrement, sur son bel orgue. Enfin, 
				si la Bérangère lui survivait, bien entendu. 
				Merde ! ne peut s’empêcher de penser le curé. Merde parce qu’il 
				ne voit pas comment il pourrait rafistoler un truc aussi 
				compliqué que cet orgue en moins de cinq minutes. Merde parce 
				que la Bérangère est toujours en vie. Et merde parce que si on 
				additionne les deux, nous voilà bien barrés pour respecter les 
				dernières volontés du défunt ! 
				- Nous allons trouver une solution, martèle-t-il comme un 
				mantra. Nous allons trouver une solution, et faire toute la 
				lumière sur cette affaire. 
				On est dans une église, ici, c’est-à-dire en communication 
				ultra-haut-débit avec le Premier Étage. Alors forcément, au 
				moment précis où Monsieur le curé prononce qu’il va faire toute 
				la lumière sur cette histoire, la lampe qui éclaire l’autel 
				grille son ampoule avec un grand claquement sonore. Chtac ! 
				Pénombre ! Le curé sursaute, balance un coup de chasuble dans 
				tout son bazar de messe, et trois soucoupes de porcelaine qui 
				traînaient là finissent en miettes sur le carrelage de l’allée. 
				- Thérèse ! braille le curé, qui commence à avoir le sang-froid 
				qui tiédit. Thérèse, vite ! 
				 
				Aussi sec, la femme de ménage apparaît entre le curé et 
				Bérangère. Face-de-Plomb. C’est comme ça qu’on l’appelle, dans 
				le village. À cause de sa figure, qui semble toujours exprimer 
				la même chose – c’est-à-dire rien. Et aussi à cause de la façon 
				qu’elle a de se tenir, toute droite, toute raide, le manche de 
				son aspirateur plaqué sur l’épaule, et qui la fait ressembler à 
				un fantassin de l’armée napoléonienne, version jouet pour 
				enfants. 
				Le curé lui montre l’ampoule à changer, ce qu’il faut nettoyer 
				par terre. Thérèse n’a pas le nécessaire pour la lampe, désolée. 
				Mais le reste ne sera qu’une formalité. Elle branche son 
				aspirateur. Appuie sur le bouton « marche ». Et d’un seul coup, 
				voilà les volumes de la petite église qui s’emplissent d’un ré 
				somptueux, plein, charnu, organique… Le curé, qui est aussi 
				sensible à la musique qu’un journaliste l’est à la vérité, ne 
				remarque rien, évidemment. Mais la Bérangère, elle, est à deux 
				doigts de l’apoplexie. Et d’ailleurs, elle en tend un, fébrile, 
				vers la femme de ménage, vers son instrument de malheur. 
				- Le tuyau… Le ré… Il est là ! C’est elle… C’est elle qui l’a 
				pris ! 
				Hagards, les yeux de Monsieur le curé effectuent l’aller retour 
				entre l’orgue édenté et l’aspirateur de sa Thérèse, dont le 
				manche lui semble soudain bien inhabituel, en effet. 
				- Thérèse… Est-il possible que ce soit vous qui ayez arraché le 
				tuyau de l’orgue ? 
				Thérèse ne prend pas même la peine de tourner la tête vers la 
				rosace ou vers le curé. 
				- Ah voui, voui. C’est ben possible, voui. C’est à cause du 
				manche, explique-t-elle en montrant son aspirateur. L’était tout 
				fendu, l’aspirait plus rien. Trois semaines que je vous en 
				parle, je vous signale. Alors jusqu’aujourd’hui, passait encore. 
				Mais pour les funérailles à l’Émile, fallait ben faire quelque 
				chose. On ne va pas l’enterrer dans la crasse, non ? 
				- Et vous n’avez rien trouvé de mieux pour le remplacer que… que 
				le tuyau ré de ce pauvre orgue ? reprend le curé. Et Bérangère, 
				alors ? Comment est-ce qu’elle va jouer son Adagio, maintenant 
				que vous lui avez cassé son orgue ? 
				Thérèse ne moufte pas. Elle continue de regarder droit devant 
				elle, le menton prognathe, la lèvre inférieure passée par-dessus 
				l’autre, le vide de ses yeux inexpressifs amplifié par les 
				culs-de-bouteille qu’elle porte sur le nez. Difficile de dire ce 
				qui se passe dans sa tête en cet instant. Peut-être que ce n’est 
				qu’une boîte creuse, avec une grosse mouche noire qui volette 
				là-dedans en se cognant contre les bords. Ou peut-être qu’elle 
				est en train de redémontrer l’équation de Schrödinger. On ne 
				sait pas. 
				 
				Le curé essaye de réfléchir. Il a retrouvé le tuyau, bon, mais 
				après ? Il est incapable de le remettre à sa place : il n’a pas 
				la compétence, pas les outils, pas le temps. Dehors, il voit le 
				corbillard qui est arrivé. Déjà. On n’attend plus que lui. 
				- Si vous voulez, je peux faire le ré, propose alors 
				soudainement Thérèse, conciliante. La Bérangère joue, et chaque 
				fois qu’y a besoin d’un ré, c’est moi qui le fais. 
				Avec l’aspirateur ? Thérèse suggère qu’on joue l’Adagio 
				d’Albinoni à l’aspirateur ? Bérangère s’étrangle en 
				indignations. Le curé, lui, éprouve au contraire la sensation 
				que ce sont les anges qui viennent de s’exprimer par la voix de 
				Face-de-Plomb. 
				- Vous sauriez faire ? demande-t-il avec ferveur. Vous 
				connaissez le morceau ? 
				- Ah bah ça, voui alors ! Depuis le temps que je l’entends 
				répéter, celle-là, vous pouvez dire que ça commence à rentrer ! 
				Le curé joint les mains. 
				- Thérèse, c’est le Seigneur qui vous envoie !  
				Bérangère, elle, ne dit pas le contraire ; mais elle a comme un 
				doute sur le destinataire. 
				- Mais enfin, Monsieur le curé ! Ça n’est pas possible ! On ne 
				s’improvise pas musicien comme ça ! Sait-elle seulement lire une 
				partition ? 
				- Pas la peine ! dit Thérèse. Je sais exactement ce qu’il faut 
				faire. J’ai l’oreille absolue, voyez-vous. Bah quoi ? Vous 
				pouvez me tester, si vous me croyez pas ! 
				Bérangère lui jette un œil mauvais. Joue quelques notes au 
				hasard. Et la Thérèse égrène du tac-au-tac : « C’t un do… un fa 
				dièse… encore un do… 
				Exact. Exact. Encore exact. 
				 
				Alors là, Bérangère n’en revient pas ! Face-de-Plomb… L’oreille 
				absolue… Je vous jure… Les endroits où la grâce divine peut se 
				nicher, parfois… Comme elle ne trouve plus rien à redire, 
				Bérangère enclenche la sourdine, commence à jouer l’Adagio, en 
				allant directement à la partie où les aigus démarrent, pour voir 
				ce que ça donne. Face-de-Plomb n’a pas menti : elle connaît le 
				morceau par cœur, comble les trous avec des coups d’aspirateur 
				partout où l’on a besoin d’un ré. Bérangère est sur les fesses. 
				Mais ça n’empêche. L’ensemble ne rend pas bien. L’aspirateur est 
				trop long à se mettre en marche, trop long à s’arrêter, ce qui 
				fait baver tous les ré de Thérèse, et l’empêche de jouer en 
				rythme. 
				- Le plus simple, ce serait encore que ce soye moi qui prenne 
				tous les aigus, suggère-t-elle alors. Comme qui dirait, 
				Bérangère ferait la basse, et moi les solos. 
				Monsieur le curé s’inquiète. 
				- Vous n’avez pas l’intention d’arracher d’autres tuyaux à notre 
				orgue, au moins ? 
				- Mais non ! le rassure Thérèse. Pas besoin ! J’ai un manche 
				télescopique. Regardez. 
				Elle remet l’aspirateur en marche. L’engin émet d’abord son ré 
				de base. Alors, la brosse calée sous le pied et les mains 
				agrippées au manche, Thérèse commence à tirer, à pousser, à 
				tirer, tirer encore un peu plus… À mesure qu’il rallonge ou 
				qu’il raccourcit, le manche de l’aspirateur produit toutes les 
				tonalités de la gamme. Monsieur le curé a beau ne rien y 
				entendre en musique, le procédé ne lui évoque pas moins un 
				trombone à coulisse – il n’a pas tort – et il reconnaît peu à 
				peu, dans les vagissements modulés de l’aspirateur de Thérèse, 
				le morceau que la Bérangère répète quotidiennement depuis le 
				jour où l’on a su que le temps du pauvre Émile était compté. 
				- C’est le Seigneur qui vous envoie ! répète-t-il, illuminé. 
				Il se signe. En triple exemplaire. Et par trois fois, Bérangère 
				voit les Saintes Fesses défiler sous ses yeux mi-clos. 
				 
				Le cortège a pénétré dans l’église au son des premières notes de 
				l’Adagio – notes graves et empreintes d’une tristesse presque 
				effrayante. Tandis que ces messieurs des pompes funèbres 
				installaient le cercueil de l’Émile sur le catafalque, 
				l’assemblée a pris place sur les inconfortables bancs de bois. 
				Au début, faut reconnaître, ils étaient nombreux à se demander 
				ce que Face-de-Plomb foutait là, plantée comme un piquet entre 
				le curé et la vieille organiste, à regarder droit devant, dans 
				le vide, ou Dieu sait où, avec son aspirateur à la main et sa 
				tronche à gober les mouches. Puis elle a commencé à jouer. Des 
				sourcils se sont froncés, des murmures ont fusé. Mais très vite, 
				la curiosité l’a emporté sur l’indignation, puis la stupéfaction 
				sur la curiosité. Dans le fond, des garçons à queue de cheval et 
				à bagues têtes de mort ont réclamé : 
				- Plus fort ! 
				Avec la semelle de sa pantoufle, Thérèse a tourné la molette de 
				puissance jusqu’au maximum. Pas encore suffisant. Alors le curé 
				a pris son micro, s’est agenouillé devant l’aspirateur, l’a tenu 
				juste au niveau de la sortie d’air. Et le son s’est 
				métamorphosé, changé en un genre de couinement riche, sifflant, 
				saturé… un truc qu’on n’avait jamais entendu… en tout cas jamais 
				dans une église… 
				Et maintenant, les gars du fond sont là à hocher la tête en 
				cadence, à mesure que Thérèse avance dans son solo. Ils seraient 
				à un concert de Motörhead ou d’Iron Maiden que ça ne ferait pas 
				une grosse différence. 
				 
				Bérangère, elle, ne connaît pas tout ça. Elle ne connaît pas le 
				hard rock, pas le heavy metal, ni rien de ce qui s’ensuit. Mais 
				elle voit bien qu’avec la complicité de Face-de-Plomb, elle est 
				en train d’introduire un truc pas net dans la maison du 
				Seigneur. Un truc qui la remue aux tripes, lui donne envie de 
				grimper sur le clavier, de se détacher le chignon et d’agiter la 
				tête comme les gars du fond. Elle sait bien qu’elle ne devrait 
				pas, que c’est mal, mais c’est plus fort qu’elle. Voir les mains 
				de la Thérèse monter et descendre le long du manche, comme ça… 
				brrr… Des pensées qu’elle croyait disparues depuis longtemps 
				resurgissent des tréfonds de sa mémoire… Elle accélère le tempo… 
				On commence à en entendre qui frappent dans leurs mains… Alors 
				Bérangère accélère encore, et Thérèse suit le mouvement, le 
				regard toujours planté droit, impavide, monolithique. 
				Face-de-Plomb. 
				Lorsque le morceau se termine, Bérangère ne sait pas comment 
				l’expliquer, mais elle a envoyé son tabouret valdinguer à trois 
				mètres de l’orgue, et elle se trouve à genou, devant le clavier, 
				le poing brandi en l’air. L’Adagio de 8 min 56 a été expédié en 
				4 min 17, s’achevant sur un tempo proche des 200 bpm. 
				L’assistance est partagée entre réprobation sévère et sidération 
				la plus totale. Monsieur le curé, lui, est absolument aux anges. 
				Il se signe au moins cent fois d’affilée, toutes de travers. 
				Alors, en voyant passer ce qui lui passe sous les yeux, la 
				Bérangère a cette fois la certitude qu’elle vient de rayer son 
				nom de la liste de St Pierre, définitivement. À 82 ans, et pour 
				ainsi dire si près du paradis, c’est ballot. Mais après tout, 
				merde ! 
				 
				Même si cela fut un temps évoqué, Bérangère et Thérèse ne 
				rééditèrent jamais leur performance. L’orgue édenté de leur 
				petite église ayant fini par récupérer le tuyau qui lui 
				manquait, Face-de-Plomb se retrouva sans instrument. On chercha 
				bien un moyen de lui en refaire un à l’identique, mais il faut 
				se rendre à l’évidence : les diocèses ne sont pas légion, qui 
				seraient prêts à sacrifier des orgues plusieurs fois séculaires 
				pour qu’une octogénaire et sa complice au faciès néanderthalien 
				puissent profaner des lieux sacrés, en y jouant des morceaux de 
				Black Sabbath à l’aspirateur. 
				On le regretta, un petit peu, au début. Puis rétrospectivement, 
				on considéra que c’était aussi bien ainsi. La performance saisie 
				à l’enterrement de l’Émile, ce matin-là, resterait à jamais une 
				légende, un mythe, un jour unique dans l’Histoire, qui avait vu 
				s’accorder, le temps d’un adagio, la musique de Dieu et celle du 
				Diable. Et quoi de plus prodigieux, en définitive ? Car c’est 
				bien là le propre des miracles : ils ne se produisent jamais 
				deux fois. 
				 
				Texte de 
		
				de Vincent 
		Struxiano, de Rambouillet (78), 2017 
                 
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				Musicas d'autan 
				Tota estabosida, es a fintar 
				l'orguena granda jos la rosassa : "coquin de sòrt, i manca un 
				tudèl !" Atal repoteguèc l'Amelia.  
				Cal sapier que l'Amelia, desempuèi sa retirada, es cargada 
				oficiosament per la comuna d'ensajar de servar la glèisa granda 
				en bon estat. Mas la comuna s'apaurís, cada an manca moneda per 
				clavar e coma es pas la fe catolica que fa bavardejar les 
				elegits, es de bon comprene que la glèisa es pas prioritària e 
				que doncas ne patís. 
				L'Amelia ac sap plan pro, tot son benevolat per preservar l'esplendor 
				de la glèisa se fond dins le laxisme general coma votz enraucada 
				dins polifonia. La tafura cada maitin que mena son inspeccion, 
				de véser le patrimòni se ternir, s'esquiçar, se demesir chic a 
				chic insensiblament e de constatar que le conse e sa còla se'n 
				foton plan mal. E quin calvari per cambiar un lum o pedaçar un 
				bocin de plastre asclat ! Deu mendicar un ipotetic rendètz-vos 
				al conse per s'ausir dire coma cada còp : "les obrièrs comunals 
				son tròp acuferats, un reparator es tròp carestiu, mercés Madama 
				Melia de fèr pel melhor." 
				L'ingratitud del temps d'ara la revòlta. La vila, de son lustre 
				passat a gardat avuèi ediu sas pèiras vièlhas que al còr de l'estiu 
				toristas acalorats venon badar. Les vièlhs se’n van al cementèri, 
				e levat qualques Angleses qu'en cèrca de sensacions 
				medevialistas e assolelhadas crompan vièlhs ostals, la vilòta s'estequís.
				 
				La catedrala despassa, plan se'n cal, tot çò qu'existís de per 
				la contrada : un cloquièr naut de seissenta mètres, la nau larja 
				de vint-e-un mètres, una campana de doas tonas... Mas avuèi 
				malgrat que sos remirables veirals ne coloren la lutz, la glèisa 
				es pus qu'una bastissa tèrna, freda, sens glòria, sens arma e 
				gaireben sens vida. Còp èra s'i pavanavan les avesques e lor 
				cort, avuèi per la messa dimenjala un punhat de devòts erratics 
				e tristes s'i escampilhan negats dins la vastor engaumida e 
				grisassa de la bastissa.  
				E las orguenas de quaranta jòcs, las mès grandas qu'un margaire 
				alemand aja quilhadas en França ! Ara sonan pas mès, i a pas mès 
				de sòuses per n'adobar la mecanica e puèi a qué serviriá ja que 
				dins la parròquia degun ne sap pas mès jogar ? L'Amelia n'èra 
				desgostada : "e se ara le monde ne venon a panar les tudèls, se 
				van deslabrar aquelas orguenas, s'arroïnaràn coma carilhons sens 
				campanas !" 
				 
				L'Amelia sortiguèc de la glèisa. Una aureta leugièra que li 
				semblèc d'autan li flabutegèc a las aurelhas e li despertèc l'esperit 
				tan preocupat per aquel tudèl. Traversèc la plaça de la 
				Catedrala ont trepegèc una mèrda de gos sens se n'avisar e pugèc 
				la carrièra de la Glèisa per ont l'autanèl s'engulhava en 
				vonvonant. Se coitava per arribar a l'ostal, li trigava d'avisar 
				son òme de l'estranha disparicion.  
				Son òme, que li disián Afatot, ancian totòbras de la comuna e 
				tanben d'endacòm mès, talament agil qu'amb una gota d'estam vos 
				adobava una petroleta e que vos margava mòbles estile modèrne 
				amb fòrapèls. Ara bricolejava pr'aquí pr'enlà, ajudava sa femna 
				a entreténer la glèisa, ortejava per produsir mès que ne cal 
				legums e fruta que ne destillava cada an les melhors aigardents 
				de la vila. 
				Arribada a l'ostal l'Amelia cridèc son òme mas degun respondèc. 
				Benlèu que l'autan de mès en mès tumultuós s'emportèc la votz 
				fòrt luènh mas se podiá tanben que l'Afatot acuferat dins son 
				talhièr ausès pas o volguès pas entendre. Cossí que siá la femna 
				insistèc pas : "Aquò rai, vau sonar la comuna." 
				Lèu dit, lèu fèit mas le secretariat assadolat d'èsser 
				desrengats còp e quilha per un fiuleton que fiuleta, li 
				respondèc que le responsable èra pas disponible e le conse 
				encara mens. Contrariada l'Amelia renoncièc pas, se figurèc que 
				ela aviá tota legitimitat d'adobar le tracàs ja que la comuna 
				assegurava pas. "Le me cal trobar aquel tudèl, siá coma siá e 
				mon Afatot le tornarà margar… Pr'aquò me cal trobar le panaire… 
				Chi pòt aver panat aquel tudèl ? Qualqu'un a qui li fasiá 
				mestièr… Benlèu un estamaire, ja que les tudèls son d'estam… I a 
				pas mès d'estamaire… Benlèu un musicaire ?" 
				Le tust de la fenèstra qu'una bufada d'autan tampèc li copèc sas 
				soscadissas, èra son òme que dintrava.  
				- Tampa la pòrta, macarèl ! li bramèc l'Amelia. Puèi coma èra 
				miègjorn s'ataulèron, muts coma un silenci de particion. Ça que 
				la, en tot dinnant li contèc la maitinada. Afatot l'escotèc mès 
				per cortesiá que per interés mas fasquèc mina de l'ajudar :  
				- Vai véser a la comuna. 
				- A la comuna se'n foton, m'an pas solament escotada. 
				- S'èras pas a les embaranar còp e quilha per una tripla cròcha, 
				benlèu que t'escotarián. 
				- Calha-te innocent que sabes pas çò que dises !  
				D'una pòta desgraciosa l'Afatot clavèc la sola discutida del 
				vièlh coble.  
				 
				Un còp la taula plegada, la vaissela recaptada e la cosina 
				engranada l'Amelia decidiguèc de prene l'afèr en man, res de pus 
				normal quand las autoritats legalas, i comprés son òme, vòlon 
				pas reconéisser la trista realitat. Cal pas desbrembar que 
				gràcias a sos senses d'avisament, de deduccion, d'endura, d'intelligéncia 
				per tot dire en un mot, desembosquèc le sacripant que capvirava 
				les bucs per ne préner la moneda, le pèc que pissava dins le 
				beinitièr que del còp n'asondava, le ferrategaire que vendiá les 
				prègadieus, la menina qu'amb un gredon en guisa de capelet se 
				marcava cada pregària sul plastre tot nòu… e plan d'autres 
				malfasents. 
				"D'en primièr, se diguèc l'enquestaira, gaitem la proximitat, es 
				çò de mèstre per s'endralhar coma cal. Un bon musicaire comença 
				totjorn per la primièra nòta !" Mas ont se ten la proximitat 
				dins aquela vila ont tot le monde se coneis e ont las novèlas s'espandisson 
				tan vite coma cabussan dominòs ? "Se començavi per la Bigodí la 
				cofaira ? Adès me farai copar le pel malgrat que n'aja gaire 
				besonh. Serà un pauc carestiu cèrtas mas soi segura de cantar 
				amb la bona musica ; sap tot la Bigodí, a cada pel que copa 
				embeu una novèla !" 
				- Me'n vau fèr copar le pel ! cridèc a son òme que al còr de sa 
				prangièra, benlèu entendèc pas. Defòra, esperrecadas per l'autan 
				afortit, las brumas daissavan passar le solelh qu'esclairava al 
				luènh e d'una lutz esquèrra, la Montanha Negra que del còp 
				pareissiá mès pròcha. 
				Sens tamborin ni trompeta, butèc la pòrta de "Al Pel Que Canta", 
				le salon de cofadura de la Bigodí. Una campaneta tindèc. Una 
				corrolhada de flors e plantas verdas farcissián tota la veirina, 
				en aprofitant de la lutz colorada de l'estiu de la Sant Martin. 
				Dins un recanton, una ràdio cantava la nostalgia. D'arreu la 
				Bigodí sortisquèc de darrèr un ridèu ; plan apariada a sa botiga 
				èra de bon véser que totas doas èran a esperar la retirada. 
				Las doas femnas se saludèron e entreprenguèron totas las 
				pachacas que cal, per endralhar coma cal, una polida cofadura. 
				L'Amelia avoèc :  
				- Ai pas gaire besonh de copar, vòli simplament que m'adobetz la 
				mesa en plec. 
				- Es vertat que la vos an mancada ! li respondèc la Bigodí per 
				li significar son manca de fidelitat. 
				Una bona investigacion merita paciéncia. L'Amelia l'expèrta ac 
				sabiá plan que sufìs pas de bufar dins la cabreta per ne sapier 
				jogar. Tanben metodicament parlèc dels subjèctes que pertòcan 
				una copapel : la propretat dels cagadors de la vila, le fasti de 
				la populacion, las cagadas dels gosses sus trepadors… abans de 
				n'arribar a la descasença de la catedrala e de segur a la 
				dilapidacion de l'orguena. 
				Mas sus aquel darrièr punt la Bigodí demorèc evasiva, acuferada 
				qu'èra a frisar. Malgrat que se malfisèsse d'una falsa nòta tan 
				vite arribada l'Amelia gausèc l'atisar :  
				- E sabètz qu'an panat un tudèl ? 
				- Òc vai es pas possible. E que non ac sabiái pas, m'ac aprenètz. 
				L'Amelia n'èra a regretar per anticipacion les sòuses que lèu li 
				demandariá la perruquièra, pr'aquò de sièc tornèc al repic :  
				- Me demandi plan chi a poscut panar un daquòs atal. Auriatz pas 
				una idèa vos que sètz al fial de tot ? 
				La Bigodí s'esforcèc de se mostrar a l'unisson de çò que 
				considerava coma un compliment en ajustant arpègis a son jòc :
				 
				- Es benlèu un ferralhaire ?  
				- Ne coneguètz un de pr'aici ? 
				- E non ! reconeguèc la Bigodí en s'avisant qu'èra un ton tròp 
				bas e tanlèu d'anonçar : l'autre jorn vegèri rodar de cap a la 
				glèisa le Janiquet. 
				- Le Janiquet de Janisson ? 
				- Òc le que fa le musicaire, e sabi qu'a una orguena e que ne 
				sap jogar. 
				- A bon ? 
				- Se atal vos agrada ? demandèc la cofaira en botant un miralh 
				en darrèr. 
				- Òc va plan, l'avètz escasuda. 
				 
				Frisada coma un anhelet, l'Amelia paguèc e sortiguèc, mens 
				contenta de sas frisetas que de son enquèsta que s'engalhava 
				plan ; aviá un suspècte e le mobile, mancava pas qu'a verificar 
				a Janisson. 
				Janisson es just fòra de la vila, de l'autre costat del riu, 
				sufís de passar le pont. I viu le Janiquet que l'estiu fa moneda 
				en vendent fruta e vins del Rosselhon als toristas de la mar. N'aprofita 
				tanben per cambiar de femna e puèi se'n torna a Janisson per fèr 
				musica del mens mal que pòt. 
				En un quart d'ora o benlèu un chic mens, l'Amelia arribava al 
				pont. Le solelh e l'autan creissián. Entre doas bufadas, una 
				flaira, barrejadís de fum, de fruta abenada e d'alcoòl pujava de 
				l'alambic qu'en contrabàs al bòrd del riu, per una alquimia 
				secrèta, expremissiá dels chucs trebols e agroloses un aigardent 
				capitós, lusent e als aufis subtils. 
				Sul pont, las ventadas d'autan de travèrs, maites còps la 
				cugèron desfrisar. Li desagradavan pas a ela aquelas passas 
				d'autan ensolelhat ; cal dire que l'autan piemontés val melhor 
				que le lauragués o le de Tolosa, es mens valent, mès manhac e 
				amanhagador e sap cantorlejar al trauc d'aurelhas avisadas las 
				breçairòlas de la mar nauta ont es nascut e las tralalèras de 
				las Corbièras qu'a traversadas.  
				A qualques encambadas del cap del pont, a man esquèrra, davalèc 
				le caminòl de grava que mena a Janisson. Le Janiquet èra a 
				mólzer una cabra blanquinarda que li teniá del melhor que podiá 
				sa novèla companha, una Russa a solide, tan granda e prima coma 
				blonda e que s'apelava "Galina" mès coneguda - vos'n dobtatz - 
				jol nom de la Polha de Janisson. 
				L'enquestaira s'aprochèc, les tres se saludèron plan 
				respectuosament e puèi per anar pas mès vite que la musica 
				l'Amelia se perdèc dins rasonaments :  
				- Veni a las novèlas, fa temps que vos voliái véser, sèm vesins 
				e nos coneguèm pas gaire.  
				Les autres dos se gaitavan estabosits e Janiquet acabèc per 
				díser :  
				- Òc ben, mas de qué volètz al just ? 
				- A çò que pareis que fasètz polida musica.  
				Aquí ja òc l'Amelia l'aviá trobat le bon tempo de la valsa que 
				tanplan l'òme bavard se coitèc de respondre :  
				- A bon e chi vos ac a dit ? 
				- Tota la vila ac ditz. Se me podètz fèr escotar se vos plai, 
				soi un pauc melomana ? 
				- De segur e de sièc. 
				La cabra desliurada se'n tornèc amb sos cabrits, la polha blonda 
				se carguèc de la lèit e totes caminèron cap a l'ostal. A l'encòp 
				de l'autan dintrèron dins una mena de passada emplenada de tot 
				un rambalh d'utisses de musica, pel sòl, contra las parets, 
				penjats al saumièr e als cabirons. Le mèstre s'acantonèc davant 
				un clavièr e joguèc "Coma d'acostumat" de Claudi Francés. 
				Malgrat que piquèsse de las mans l'Amelia èra fòrt decebuda 
				perque l'orguena èra… electrica. 
				L'enquèsta marcava mal mas coma en cas de manca cal sapier 
				fiular, l'Amelia insistèc :  
				- E ben, n'avètz un ramat d'utisses, son totis aquí ? 
				- Non n'ai d'autres dins la remesa a costat. 
				- E ben ! Pensi que'n tenètz tota la gama ! Ça que la, vos 
				mancariá benlèu una orguena de glèisa ? 
				- Que nani ! N'ai una de pichona dins la remesa mas la me cal 
				adobar… li manca tudèls… ne cèrqui pertot. 
				Alavetz l'Amelia notèc que l'òme, malgrat que fusquèsse pelràs, 
				se grapussejava la clòsca, semblava embaranat. Sa manòbra menada 
				de mans de mèstre la regaudissiá ; quin afèr trebol esclarit en 
				qualques oras ! Le teniá le suspècte emai benlèu le colpable. 
				Per pas jogar totas las mesuras a l'encòp l'Amelia quichèc pas :
				 
				- Plan mercé, tornarai lèu Monsur per véser aquela orguena 
				monumentala. 
				- Tornatz quand voldretz Madama. 
				Atal se daissèron mas l'Amelia en se'n revirant manquèc pas de 
				rasejar la vièlha forgoneta tota bonhada que le parafanga teniá 
				amb fial de fèrre, per ne fintar le contengut. Dedins, una 
				cobèrta d'un òcre fangós amagava quicòm de longarut : a solide 
				un tudèl d'orguena ! Tot s'endeveniá, le copable suspectat, sa 
				compliça russa, le mobil e l'utís de la rapina… un flagrant 
				delicte s'aprestava. Dins tot son èstre s'espandissiá le doç 
				plaser d'una satisfaccion intellectuala, un pic de dopamina de 
				segur. 
				 
				L'autan d'adès veniá auta de tant que bufava. Tornar sul pont, 
				l'Amelia flairèc l'alambic. Una votz la cridèc :  
				- E, Amelia vèni tastar la nhòla !  
				Se malfisava del malparat d'una tala invitacion mas coma aviá la 
				charrèra davalèc cap a l'alambic. 
				La darrièra calfa èra a s'acabar ; per estalviar la lenha un òme 
				sortiá de la caudièra gròsses tisons qu'amortava en lor getant 
				ferratats d'aiga. L'aigardent de mès en mès aigalut arrestava de 
				rajar. Les tres òmes, totis apariats de bòtas verdas, cauças e 
				vestets blaus, trepejavan dins un barlac amolit per la pluèja e 
				les resquits d'aiga e de chucs divèrses. 
				Quand l'Amelia s'aprochèc, abans mèma de la saludar, l'un d'elis 
				li demandèc :  
				- Venes de Janisson ? 
				- E òc veni de Janisson. 
				- Se l'as vist al Janiquet ? 
				- E tiò que l'ai vist… emai avèm charrat. Es pas un salvatge! 
				- A bon ? E s'ès dintrada dedins son ostal ? 
				- Bessè que soi dintrada e tanplan que m'a mostrat totes sos 
				utisses de musica. 
				- S'auriás vist un clairon de coire jaune ? 
				- Benlèu que òc mas n'a talament de ferrategas qu'un musicaire i 
				trobariá pas sa bassacontra. Mas perqué me demandas aquò ? 
				- Perqu'a çò que pareis auriá panat le clairon del soldat del 
				monument dels mòrts. 
				Malgrat qu'aquel afèr s'endevenguèsse al pel amb la psicologia 
				de son suspècte e que s'engrasèsse dins la tièra de sos 
				panatòris coma un do a costat d'un re, l'Amelia respondèc pas. 
				Le destillaire emplenava una damajana estropada de vim trenat 
				amb aigardent pesat a 45 grads ; èra le moment o jamès de la 
				tastar :  
				- Tè Melia tasta-la, es de pruna… anem vai, fots-li un poton, me 
				diràs çò qué ne pensas. 
				- De pruna o de melon ne vòli pas, de cap de manièra, me vòles 
				tuar amb ton poson. 
				- De poson ? Amb tot çò qu'a brutlat ton òme, i a temps que 
				seriá mòrt e benlèu tanplan ressuscitat. L'avèm pas vist encara 
				ongan, de qué se passa ? 
				- Se pòt que tarde pas. Sabes, me n’ocupi gaire de sos afèrs. 
				- Li diràs que s'es per venir, que s'afane un pauc que deman 
				passat vau mudar. 
				Le solelh baissava, las ombras s'alongavan, las ventòrias de l'auta 
				espandissián sul país la frescor que tombava. Tanben totes s'aprestavan 
				a dintrar, levat le vièlh destillaire que passariá la nuèit, 
				coma milierats d'autras, dins sa "tutamobil", un vièlh forgon. 
				Le paure òme èra tant esquiçat coma son alambic, a totes dos 
				avián aprés les bons senses de la vida, traversèron guèrras e 
				ivèrns redobtables, coneguián per còr e al bèl talh totes les 
				terradors de Donezan duscas Lauragués, sabián tot de la nèu que 
				s'amolona, del tòr qu'ascla le coire, de las brumas qu'amagan le 
				solelh, dels rècs trebols qu'asondan… 
				L'Amelia fusquèc la primièra a s'escapar ; le destillaire 
				manquèc pas de li remembrar :  
				- Oblides pas de dire a ton òme que me venga véser de sièc se 
				vòl brutlar deman. 
				- Òc, i vau."  
				 
				Per se parar dels bufets que li traversavan les vestits, 
				l'Amelia se sarrèc le mantèl, ne quilhèc le còl, saludèc le 
				monde e se n'anguèc cap a l'ostal. En ne durbint le portanèl la 
				gossa venguèc cap a ela en jaupant.  
				- Innocenta me reconégues pas ! Ont es le patron ? li repoteguèc 
				la patrona.  
				Tanlèu la gossa, cuga quilhada, la menèc a la remesa ont 
				bricolejava l'Afatot.  
				- Ont ès ?  
				Degun respondèc mas la gossa s'engulhèc demest le rambalh de 
				cagetas, d'utisses, d'embarrasses… cap a son patron mas l'Amelia 
				gausèc pas la siègue de páur de se mascarar endacòm e tornèc 
				bramar : 
				- De qué fas ? Le destillaire te vòl véser e de sièc. 
				- De qué me vòl ? 
				- Vòl sapier quora brutlas ongan. 
				- Brutli pas ongan. 
				- Jèsus serà plan la primièra annada ! Se jamès l'auta s'atuda 
				nevarà deman ! 
				- Cal una debuta a tot. 
				- Tan melhor mas vai-li o dire de sièc ! 
				- Òc, i vau, i a pas le fuòc a la caudièra ça que la." 
				Afatot sortisquèc, tampèc plan la pòrta e s'escapèc cap al pont. 
				L'Amelia ela se recaptèc a l'ostal mas al cap d'un momenton 
				ausiguèc la gossa coïnar e sortisquèc per s'avisar qu'èra 
				tampada dins la remesa e que le lum èra pas atudat. Per poder l'amortar 
				s'enfonhèc demets las ronhas e per una curiositat instinctiva n'aprofitèc 
				per vistalhar la caforna de son òme  
				Mèma qu'arribèc duscas al recanton ont adès son Afatot 
				bricolejava. I vegèc una maquina amb una mena de caudièra e doas 
				cuvas amb robinets de pertot e tanplan que ne venguèc suspiciosa 
				: " aparentament aquel s'aprèsta d'amagat un alambic ! A le 
				bogre ! Es pr'aquò que destilla pas ongan ! E m'aviá pas dit res 
				le sornarut ! Li vau cantar la miu cançon ieu !" 
				Dins son cap una novèla enquèsta se dubrissiá e per verificar, 
				coma se dèu, sas ipotèsas gaitèc de mès pròche. De gratipautas 
				vegèc dins le fogal de la caudièra tisons amortats… doncas : "-a 
				ja fèit una calfa". Dins le pairòl de coire i trobèc un pauc d'aiga… 
				doncas : "a ja ensajat de destillar." Dins la cuva i chaucha la 
				man : "i a pas d'aiga… doncas l'aigardent a pas encara rajat". 
				Ne concluguèc : le colpable es prudent, se malfisa de son 
				illegalitat. Vos respondi qu'aquel es pas un bufa-trompeta que 
				jòga le repic abans le coblet mas un brave coquin plan organizat.
				 
				"- Tè, a sapier çò que i a dins la segonda cuva ?" L'Amelia 
				pugèc sus un banquet e se quilhèc sus la punta dels pès per 
				melhor inspectar. E aquí suspresa ! Ne cugèc s'espatarrar. A l'encòp 
				una ventada d'auta descabestrada socatiguèc violentament le 
				fustatge. Alavetz las conviccions venguèron fragilitats, las 
				vertats de messorgas, las certituds de dobtes. D'oras d'investigacion 
				per pas res, una mèuca totala. 
				Per desbrembar o almens denegar la realitat, l'Amelia sortiguèc 
				d'arreu de la remesa en daissant la pòrta alandada e le lum 
				encara alucat. Una bufada colerosa d'auta rebatèc la pòrta, al 
				pet la bartavèla se torciguèc, las ralhadas ne ressautèron e la 
				femna fotèc un saut que li tornèc l'afrosa realitat : le tudèl 
				de la grandas orguenas de la granda catedrala de la granda vila, 
				es son òme que l'aviá panat, ressegat e soudat per n'estrefèr 
				una pèça d'alambic ! Se cresètz vosaus ! 
				 
				Texte de 
				
				Alan 
		Vidal, de Lesparrou (09), 2017  | 
             
            
              
                
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