| 
        
       | 
      
		 
        
        
		 
		
		
        
		"La bibliothécaire le reconnut aussitôt. C'était le jeune homme 
		qui n'empruntait que des ouvrages d'archéologie..." 
		ou 
		encore : 
		"La 
		bibliotecària sul pic se lo remetèt. 
		Èra lo jovent que manlevava pas que d'obratges d'arqueologia...." 
		 
		- 
		Balade nocturne 
		- Qu'est-ce que 
		c'est, être un homme ? 
		- Lo 
		mainadet qui volè vàder gran 
		 
		
		Balade nocturne 
		
		La 
		bibliothécaire le reconnut aussitôt. C'était le jeune homme qui 
		n'empruntait que des ouvrages d'archéologie. 
		Sa présence là 
		était plutôt inattendue. Pourtant elle n’était pas surprise, elle avait 
		secrètement souhaité et préparé cette rencontre. Il parcourait 
		distraitement l'endroit du regard, lorsqu'il accrocha le sien. Un court 
		instant de surprise, on put lire dans ses yeux qu'il cherchait à se 
		rappeler. Puis le déclic, les yeux qui s'agrandissent et, oui ça y est, 
		il connait bien cette jeune fille, il sait où il l'a déjà rencontrée. 
		
		- Bonjour, je 
		ne vous avais pas reconnue. Il faut dire que vous n'êtes pas vraiment 
		habillée comme à la bibliothèque, vous faites beaucoup moins... 
		
		- Classique ? 
		proposai-je. En moi-même je penchais plutôt pour "Nunuche ?", mais cette 
		répartie me paraissait bien moins adaptée à la situation. 
		
		Il faut dire 
		que le règlement de la bibliothèque était... classique lui aussi. Lors 
		de l'entretien, on m'avait dit : il y a des enfants, des personnes 
		âgées, des jeunes, alors vous voyez, la tenue vestimentaire, il ne faut 
		pas choquer, il ne faut pas aguicher, vous devrez donc rester neutre. 
		"Neutre", ça devient "sobre". Ou "classique". Au final, on pourrait dire 
		"transparente". 
		
		Alors 
		évidemment, lorsqu’il m'a vue aujourd'hui, j'ai bien remarqué que ça lui 
		a fait comme un choc. Pas désagréable, le choc, non plus. Le top rouge 
		qui avantage mes formes, le décolleté juste comme il faut, la jupe 
		écossaise sur le collant noir moulant, moi ça me plait bien, et lui, je 
		crois que ça lui plait bien aussi. Et encore, il n'a pas vu mes 
		sous-vêtements. "Pas encore", dit ma petite voix. 
		
		- Oui, c'est 
		ça, classique. Mais je préfère comme vous êtes maintenant. 
		
		Bingo! Je ne 
		me suis pas trompée ! 
		
		- Moi c’est 
		Félix, je vous offre un café ? 
		
		Ça aussi, 
		c'est classique. Mais toujours efficace pour briser la glace. 
		 
		
		- Anne. Pas de 
		café, mais un Coca, avec plaisir. 
		
		  
		
		Les terrasses 
		de café parsèment le quartier Saint Germain, il n'y a que l'embarras du 
		choix. Nous nous dirigeons vers un petit troquet, loin de l'agitation du 
		matin. C’est ici que j’avais l’habitude de m’arrêter prendre un verre 
		lorsque j’étais étudiante, regarder les gens déambuler, envier les 
		amoureux qui s’enlacent... La terrasse est intime mais pas trop, idéale 
		pour profiter des derniers beaux jours de l'automne. 
		
		- J'ai passé 
		toute mon enfance ici, au milieu des librairies et des maisons 
		d'édition. C'est peut-être pour cela que je suis devenue bibliothécaire… 
		
		- J'ai passé 
		toute mon enfance avec un père militaire et une mère directrice d'école, 
		et finalement je suis DJ dans une boite de nuit, vous voyez, aucun 
		rapport. Alors la prédestination... 
		
		- DJ ? Je 
		croyais que vous étiez archéologue, scientifique, ou… 
		
		- Non, non, 
		non.  
		
		Il se met à 
		rire, j'aime bien. 
		
		- DJ, c'est 
		alimentaire. Et l'archéologie, c'est ma passion. Certains construisent 
		des maquettes de train dans leur grenier, moi je m'intéresse aux 
		vieilles pierres, aux anciennes civilisations, tout ce qui fait notre 
		histoire. Je suis comme Benjamin Button, je remonte le temps, jusqu'aux 
		origines de l'humanité. Et ce n’est pas théorique, c’est même très 
		vivant. L'archéologie est parfois présente au coin de la rue. Mais je 
		vous embête, vous devez trouver tout ça plutôt vieillot. 
		
		- Pas du tout, 
		au contraire. Tiens, vous dites au coin de la rue, je vous mets au défi. 
		Je vous donne dix minutes pour le prouver. 
		
		Là je triche 
		un peu... Quand on est bibliothécaire, on a un pied dans la vie des 
		gens. Petit, certes, mais c'est un début. L'année dernière, Félix avait 
		emprunté un livre sur les catacombes de Paris. Discrètement, par 
		curiosité, j’avais parcouru moi aussi ce livre dès que Félix l’avait 
		rendu à la bibliothèque. Et donc normalement... 
		
		- D'accord, 
		venez, je vous emmène. Vous avez déjà entendu parler des catacombes ? 
		
		Je souris. Ah, 
		l’intuition féminine… 
		
		Il continue : 
		
		- Ce sont 
		d’anciennes carrières, c’est de là qu’ont été prises les pierres qui ont 
		servi à la construction des bâtiments de Paris. Elles se visitent, mais 
		on ne va pas passer par l’entrée officielle des touristes. Je connais 
		d’autres passages, moins fréquentés. Moins autorisés aussi… Petit clin 
		d’œil complice. 
		
		Félix se lève, 
		pose un billet sur la table. Il me prend la main, et nous partons en 
		courant à travers des dédales de rues que je n’avais même jamais 
		parcourues. Nous voici arrivés devant un petit porche, gardé par une 
		grille symbolique.  
		
		- Certaines 
		galeries ont été détruites pour des raisons de sécurité, mais d’autres 
		restent accessibles et ignorées du grand public. Comme celle-ci par 
		exemple. 
		
		La grille 
		s’enlève en tirant simplement dessus. Nous pénétrons dans un long 
		tunnel. Félix repose la grille derrière nous, et nous avançons 
		prudemment à la lueur de nos portables, parfois debout, souvent courbés. 
		Nous voici arrivés devant une rangée d’ossements, soigneusement alignés 
		pour l’éternité. Félix, visiblement heureux du rôle de guide particulier 
		qu’il vient d’endosser, continue ses explications : 
		
		- Les gens ont 
		tous le défaut de mourir un jour. Et si la population du dessus, les 
		vivants, peut rester peu ou prou stable au fil des siècles, la 
		population du dessous, les morts, ne peut qu’augmenter inexorablement. 
		Et les cimetières s’engorgent. Alors un jour de 1786, place aux jeunes ! 
		Quelqu’un a décidé de profiter des volumes libres laissés par les 
		anciennes carrières, et on a déménagé tout ce beau monde dans ses 
		nouveaux appartements. Alors bien sûr, Pépé et Mémé n’ont peut-être pas 
		été très contents. A cet âge, c’est difficile de changer ses habitudes, 
		les voisins ne sont pas commodes... Mais d’un autre côté, on ne les a 
		pas entendus protester. 
		
		Nous restons 
		immobiles et silencieux un moment, profitant du calme extraordinaire de 
		l’endroit. Puis, avisant un crâne bien conservé, Félix y place son 
		portable allumé. La lumière sortant par les orbites lui donne un aspect 
		totalement irréel, et pourtant bien adapté à l’ambiance qui règne dans 
		ces lieux. Le crâne semble rire de cette plaisanterie, lui qui ne doit 
		pas en avoir l’occasion très souvent. A notre tour, nous éclatons de 
		rire. Moins de dix minutes, Félix a gagné son pari. Au loin, un coq 
		chante. 
		
		  
		
		De retour à 
		notre café, nous parlons de tout et de rien, de notre escapade 
		souterraine. 
		
		- Pour moi, 
		dans mon imaginaire, l’archéologie, ça ne pouvait pas être quelque chose 
		d’aussi proche, d’aussi palpable. C’était forcément beaucoup plus 
		ancien. Je ne sais pas, Rome, la Grèce Antique, toutes ces histoires 
		qu’on nous assène à l’école. Des vieilles pierres, de vieux monuments, à 
		moitié écroulés si possible… voilà à quoi on pense quand on nous dit 
		« archéologie ». 
		
		- Bien sûr, 
		répond Félix. C’est aussi cela, ça fait aussi partie de notre histoire. 
		Par exemple, les pyramides, c’est plus ancien, c’est un peu délabré, ça 
		correspond mieux à ton imaginaire de l’archéologie ? 
		
		Tiens, on se 
		tutoie maintenant ? 
		
		Je me souviens 
		que Félix avait aussi emprunté un guide sur l’Egypte ancienne. Et un 
		autre sur les Mayas. Pour les deux ouvrages, la photo de couverture 
		représentait une pyramide. Ocre sous un soleil qu’on devinait de plomb, 
		ou bien cachée dans un océan de verdure. Eux aussi, je les avais 
		parcourus dès leur retour en rayon. Que de points communs entre ces 
		ouvrages titanesques, séparés de plusieurs milliers de kilomètres, et de 
		presque autant d’années. J’avais pu lire que certains y voyaient même la 
		main des extra-terrestres… 
		
		- Oui, ça 
		colle mieux. J’aimerais bien visiter. Mais j’ai peur que ces pyramides 
		ne soient un peu trop loin… 
		
		- Ce n’est pas 
		un problème. Pas besoin de prendre l’avion. Tu n’as qu’à fermer les 
		yeux, et imaginer. Tu te trouves sur les bords du Nil, et de là tu peux 
		contempler les pyramides de Gizeh : Khéops, par exemple, qui est le 
		tombeau d’un grand pharaon. L’accès à la chambre funéraire est un vrai 
		labyrinthe.  
		
		- Comme les 
		catacombes. Mais là où il y a des milliers d’ossements rassemblés sous 
		terre à Paris, Khéops n’est construite que pour abriter un seul homme, 
		qui repose bien au-dessus du plancher des chameaux. 
		
		- Oui, je 
		n’avais jamais réfléchi comme ça, mais tu as raison. Et de là, tu peux 
		entendre Napoléon, qui lance son célèbre « Du 
		haut de ces pyramides, 40 siècles vous contemplent ». 
		
		Félix joint le 
		geste à la parole, théâtral ! 
		
		- S’il disait 
		cela aujourd’hui, il pourrait en rajouter deux ! 
		
		- Déplace-toi. 
		Tu peux maintenant voir le Sphinx, avec son fameux nez cassé. Obélix n’y 
		est pour rien, mais on se perd encore en conjectures pour comprendre 
		l’origine de cette mutilation. 
		
		Emportée par 
		les explications de Félix, je visite les monuments, me promène autour, 
		les survole. Je sens la chaleur du sable du désert tout proche. Félix a 
		encore réussi à m’emmener dans un endroit très touristique, sans pour 
		autant qu’il y ait le moindre visiteur pour nous déranger. Il arrive à 
		rendre l’archéologie bien plus vivante que ce qu’on peut attendre d’un 
		vulgaire tas de pierre abandonné pendant des siècles. 
		
		  
		
		J’entends de 
		nouveau un coq chanter. Il me parait plus proche. A regret, je sors de 
		ma rêverie, les images s’estompent, Paris reprend lentement sa place. 
		Félix voit mes yeux étourdis par la lumière, cela le fait rire. 
		
		- 
		« Faites que le rêve dévore votre vie… » 
		
		- « … afin 
		que la vie ne dévore pas votre rêve ! ». Je connais, c’est… 
		
		- Antoine de 
		Saint-Exupéry, oui. 
		
		Heureusement 
		qu’il m’a coupé la parole, ça m’a évité de dire que, pour moi, c’est un 
		conte musical de mon enfance. Ah, je les imagine bien s’acoquiner 
		ensemble, le Petit Prince et Emilie Jolie ! Et tout à coup, je sens le 
		rire arriver. Je me retiens, mais rien n’y fait, le rire vient, arrive, 
		explose. Félix me regarde, étonné. Mais aussi, avec toutes ces 
		aventures, je trouve que Félix saute du coq à l’âne. J’ai toujours 
		trouvé cette expression bizarre, mais là, maintenant, elle me fait rire. 
		Pas d’explication. C’est comme une vérité qu’on découvre, un fait 
		établi. Ou une promesse. Et elle me fait rire, c’est tout. 
		
		Félix attend 
		que je me calme. Les regards amusés des passants ne le dérangent pas, il 
		patiente, simplement. Enfin il me dit : 
		
		- Puisque tu 
		as l’air vraiment intéressée, je vais te présenter Lucy. 
		
		  
		
		Le ciel vient 
		brusquement de se charger de nuages. Pas seulement dans ma tête, mais 
		littéralement. Paris s’assombrit. L’orage arrive. Le vent pousse 
		au-dessus des toits des nuages qui semblent défiler de plus en plus vite 
		dans le sens opposé. Un photographe dirait que c’est photogénique. Moi 
		je dis que c’est catastrophique. Qui est cette Lucy ?  
		
		Il a dû voir 
		mon changement d’humeur, il se met à rire. Est-ce qu’il a compris ? En 
		tout cas, on dirait qu’il tente de me rassurer. 
		
		- Je te parle 
		de Lucy, le plus ancien squelette de femme découvert. Il a 3 millions 
		d’années, respect non ? On n’est plus vraiment dans l’archéologie, c’est 
		trop ancien. Mais ça reste encore notre histoire. 
		
		Effectivement, 
		ça me revient. C’est un des derniers livres qu’il a empruntés. J’avais 
		commencé à feuilleter les pages, mais c’était vraiment trop indigeste. 
		Uniquement du texte, très technique. Je l’avais vite reposé, puis 
		avisant les autres volumes de la rubrique, j’étais tombée sur un ouvrage 
		sur le même thème, plus attirant. Lucy y était présentée de façon très 
		vivante, les photos semblaient avoir été prises la veille en studio. 
		
		Décidément 
		très prompt à faire partager ses passions, Félix repart cette fois 
		direction le métro, étonnamment désert à cette heure. Nous sortons à la 
		station Trocadéro et, passé l’accueil du Musée de l’Homme, Félix nous 
		entraine à travers un dédale de couloirs, d’escaliers, d’expositions, 
		pour s’arrêter, essoufflé, devant un mannequin. Voici Lucy. Bon, pas le 
		genre de mannequin qu’on va trouver dans les revues people. Mais Lucy 
		irradie son propre charme. Nous restons un instant immobiles, en 
		communication silencieuse à des millions d’années de distance. 
		
		Enfin, sans 
		nous concerter, mais comme mus par le même ressort qui vient de se 
		déclencher, nous repartons dans les méandres du Musée. Couloirs, 
		escaliers, portes... Crânes, squelettes… Deux enfants en train de jouer, 
		ayant échappé à la surveillance de leurs parents. Emporté par son élan, 
		Félix ne peut éviter les griffes d’un animal empaillé (c’est sûr ? il a 
		l’air si réel) posé là, en travers du chemin, comme attendant que l’on 
		vienne le chercher. Ses bras battent l’air pour éviter l’animal, ses 
		pieds s’emmêlent, il s’accroche à la bête, et tous deux semblent danser 
		une étrange sarabande, avant de tomber au ralenti, enlacés. Les griffes 
		de l’animal s’accrochent à la joue de Félix, et y laissent 3 fins traits 
		rouges et parallèles. Il gardera peut-être une cicatrice en souvenir de 
		cette journée… 
		
		  
		
		Nous voici de 
		retour à notre café préféré, comme un repère, un refuge, un point de 
		rendez-vous. Tout est calme maintenant. Finie l’excitation du Musée, 
		comme si notre journée touchait à sa fin. 
		
		De nouveau, 
		j’entends un coq chanter. Plus fort. Trop fort. J’entrouvre les yeux.
		 
		
		J’abandonne 
		Félix, après avoir passé toute la nuit avec lui. Comme l’apôtre Pierre 
		avant moi, trahison au chant du coq.  
		
		Je traine la 
		main le long de mon lit, à tâtons j’attrape mon chausson et le lance 
		violemment en direction de la fenêtre de la chambre. 
		
		- Ta gueule, 
		Félix ! 
		
		Quelle idée 
		aussi d’appeler son coq avec un nom de chat ! Et cette fenêtre double 
		vitrage, censée « préserver votre intimité sonore et vous isoler des 
		bruits extérieurs ». Faites-moi penser à faire un procès pour 
		publicité mensongère ! 
		
		Le chausson 
		tombe lamentablement au pied de la fenêtre, imperturbable face à 
		l’attentat qu’elle vient de subir. Le coq continue de chanter. Le jour 
		se lève doucement, bientôt le réveil va s’animer. Je le désactive avant 
		qu’il n’ait pu dire un mot. 
		
		La douche 
		finit de me réveiller. 
		
		Vêtue de mes 
		habits les plus classiques (ni choquants, ni aguichants…), c’est une 
		nouvelle  journée de travail que je commence devant mon ordinateur : la 
		liste des livres à commander, les relances à faire, les retours à 
		ranger. Déjà les premiers usagers arrivent. 
		
		Et là, je le 
		reconnais aussitôt. C’est lui, le jeune homme qui n'emprunte que des 
		ouvrages d'archéologie. Il a 3 éraflures sur la joue. 
		
		Je dois avoir 
		l’air surpris, car il pose sa main sur sa joue, et dit : 
		
		- Ca ? Ce 
		n’est rien. J’ai été agressé cette nuit par une « énorme bête sauvage ». 
		Mon chaton qui a voulu me faire la fête un peu trop fort ! 
		
		Un peu 
		abasourdie, ne sachant plus où est la réalité et où s’arrête le rêve 
		(c’était vraiment un rêve ?), je prends ses livres et, machinalement, je 
		demande confirmation de son nom. 
		
		- Félix … ? 
		
		- Non, 
		Philippe. Mais pour vous, ça peut être Félix si vous préférez. 
		
		Texte d'e Philippe Colle, 
		Labastide-Beauvoir (31), 2015 
        
          
          
            
              
                
                 
              	
               | 
             
            
              
                 
               | 
             
            
              | 
                Qu'est-ce que 
				c'est, être un homme ? 
				La 
				bibliothécaire le reconnut aussitôt. C’était le jeune homme qui 
				n’empruntait que des ouvrages d’archéologie… 
				Aussitôt, elle fit un signe entendu à son collègue, occupé 
				quelques rayonnages plus loin à remettre en place les revues 
				d’anthropologie que le professeur Darrieussecq venait tout juste 
				de rapporter. N’obtenant pas la réaction escomptée, la jeune 
				femme soupira. Stéphane semblait décidément indifférent à tout. 
				A ses charmes, c’était certain. Mais à la bizarrerie de cet 
				individu aussi, aux usagers de la bibliothèque en général et 
				même aux livres ! Comment peut-on être aussi peu curieux et 
				aussi déconnecté de ce qui nous entoure en travaillant dans un 
				lieu dédié à la connaissance ?  
				 
				Mue par une inspiration soudaine, elle se leva précipitamment 
				pour rattraper le professeur Darrieussecq au niveau du portique 
				de sortie.   
				
				- Professeur ! 
				Professeur, je… 
				
				- A coup sûr, 
				j’ai encore laissé ma carte sur le comptoir, dit-il en se 
				retournant, l’air faussement dépité.   Paléoanthropologue de 
				renom, il avait été son enseignant préféré il y a quelques 
				années de cela, quand elle étudiait l’anthropologie et 
				l’ethnologie à l’université.  Déjà vieux à l’époque, il était 
				l’archétype du chercheur avec ses cheveux blancs trop longs, son 
				pantalon en velours brun d’une autre époque et sa polaire 
				orange. Le professeur Darrieussecq était un homme passionné, 
				chaleureux, animé par le désir de transmettre et de partager. Il 
				était parfois un peu distrait.  
				
				- Non, pas du 
				tout ! Enfin peut-être, je ne sais pas, bafouilla-t-elle, toute 
				excitée par sa seule préoccupation du moment, à des 
				années-lumière d’une carte de lecteur potentiellement oubliée. 
				J’ai quelque chose à vous demander…  
				
				- Je vous 
				écoute, Anna.  
				
				- Eh bien voilà… 
				C’est peut-être totalement ridicule, mais ce jeune homme, 
				là-bas… Vous le connaissez ? C’est un étudiant de l’université ? 
				
				- Son visage ne 
				me dit rien. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas étudiant 
				chez nous. Pourquoi cette question ? 
				
				- Eh bien… Il 
				vient tous les jours depuis deux semaines. 
				
				- Mais c’est 
				merveilleux ! Vous qui vous plaignez tout le temps de la baisse 
				de fréquentation des bibliothèques ! ironisa-t-il. 
				 
				
				- Ecoutez-moi, 
				s’il vous plaît, je suis sérieuse, soupira-t-elle en jetant un 
				œil du côté du jeune homme qui consultait un à un les livres du 
				rayon en répétant toujours, méthodiquement, les mêmes gestes. Il 
				saisissait le livre, regardait d’abord la couverture en 
				l’effleurant du bout des doigts, puis la table des matières. Il 
				le retournait enfin pour lire la quatrième de couverture avant 
				de revenir au début pour feuilleter les premières pages. 
				 
				
				- Allez-y, 
				désolé. Je suis toute ouïe.  
				
				- Eh bien voilà, 
				commença-t-elle en baissant la voix. Non seulement il vient tous 
				les jours, mais il emprunte à chaque fois dix livres, et ce ne 
				sont que des livres d’archéologie.  
				
				- Dix ? s’étonna 
				le professeur en ouvrant de grands yeux. Chaque jour ? 
				 
				
				- Oui. Les 
				premiers jours, il passait des heures à consulter la base de 
				données informatique. Maintenant, il va directement au rayon 
				archéologie. Et ce n’est pas tout, poursuivit Anna. Il prend les 
				livres dans l’ordre exact où ils sont rangés sur le rayonnage. 
				Toujours, toujours dans l’ordre, comme s’il cherchait à avoir 
				une connaissance exhaustive du rayon archéologie. Je peux même 
				vous dire qu’aujourd’hui, les livres qu’il va emprunter seront 
				référencés 930.162 à 930.171, ajouta-t-elle, les yeux brillants.
				 
				
				Face au 
				professeur, elle laissait ressurgir de vieux réflexes 
				d’étudiante modèle. Le souffle court et se dandinant d’un pied 
				sur l’autre, elle tenait à lui montrer le fondement de la 
				réflexion qu’elle avait menée en amont. Pas spécialement pour 
				briller, mais plutôt par respect pour cet homme qui lui avait 
				appris à se questionner, appris à regarder, appris à réfléchir.
				 
				
				- Il doit 
				chercher quelque chose de particulier… La réponse à une question 
				précise… Personne ne peut lire dix livres en une journée ! Vous 
				a-t-il déjà demandé de l’aide ? Des conseils ? Est-ce qu’il fait 
				des commentaires sur les ouvrages qu’il emprunte ? 
				Elle avait eu raison de s’adresser au professeur Darrieussecq. A 
				la différence de son collègue Stéphane, le professeur était 
				curieux des gens, curieux de la vie. Il allait l’aider à 
				décrypter ce mystère. Bibliothécaire depuis maintenant quatre 
				ans, Anna avait en tête de reprendre un jour ses études. Elle 
				aimait lire, elle aimait apprendre et se passionnait 
				suffisamment  pour certaines cultures d’Afrique, notamment 
				celles des tribus nomades du Sahel,  pour envisager une thèse. 
				Bientôt. Dans l’immédiat, toute son attention était dirigée vers 
				le jeune homme châtain au regard sombre et au visage inexpressif 
				qui compulsait les ouvrages d’archéologie, à quelques mètres 
				d’elle. Il était beau, d’une beauté étrange et froide. Il 
				semblait avoir à peu près le même âge qu’elle et pourrait tout à 
				fait être étudiant. Tout dans son attitude était étrange. Et 
				Anna aimait les mystères.  
				
				- Anna ? Vous ne 
				m’écoutez plus…  
				
				- Oui, 
				professeur ? Euh… désolée. Non, il ne m’a jamais parlé, hormis 
				les formules de politesse d’usage. Peut-être que je devrais le 
				suivre, pour en savoir plus ? 
				
				- Anna, dit-il, 
				amusé, on n’est pas dans un roman policier, là. Engager la 
				conversation me semblerait plus adapté et surtout plus poli ! 
				Vous avez sensiblement le même âge, intéressez-vous à ce qu’il 
				fait ! Vous n’êtes pas du genre timide, que diable ! 
				
				Pendant qu’ils 
				discutaient, l’emprunteur s’était approché du comptoir où 
				Stéphane, qui avait terminé de ranger les revues, enregistra ses 
				livres. Le jeune homme se dirigea ensuite vers la sortie d’un 
				pas rapide, son épaisse pile d’ouvrages sous le bras. A deux 
				mètres d’Anna et du professeur, il s’immobilisa. L’expression de 
				son visage n’avait pas changé, mais tout dans son attitude 
				corporelle semblait indiquer qu’il était en proie à un dilemme. 
				Ses yeux noirs rivés sur le professeur, il s’approcha soudain et 
				lui dit sans préambule : 
				
				- Vous êtes le 
				professeur Darrieussecq. Il faut que je vous parle.  
				Anna, bouchée bée, regardait alternativement les deux hommes. 
				Son cœur s’était emballé. Elle qui aimait les mystères nageait 
				en plein dans la bizarrerie.  
				
				- Euh, oui… 
				Bonjour… répondit le professeur, qui ne dissimulait pas non plus 
				sa surprise.  
				
				- Ce n’était pas 
				une question. Je vous ai vu en photo dans la base de données. 
				Vous avez publié beaucoup d’articles d’anthropologie. Vous êtes 
				aussi cité dans certains ouvrages que j’ai lus. Vous devez 
				m’aider, c’est très important. L’homme parlait étrangement. Ce 
				n’était pas à proprement parler un accent. Plutôt une 
				intonation. Ou une absence d’intonation, d’accent, de 
				particularité. Son français était fonctionnel, d’une neutralité 
				trop parfaite qui faisait froid dans le dos.  
				
				- Anna, si on 
				s’installe dans le coin, là-bas, pouvez-vous nous amener un café 
				et vous joindre à nous ? Elle était mon étudiante, poursuivit-il 
				à l’intention du mystérieux lecteur, une excellente étudiante. 
				Si je dois vous aider, je tiens à ce qu’elle m’aide à le faire ! 
				
				- Pourquoi un 
				café ? demanda l’homme, toujours impassible. Je veux juste vous 
				parler.  
				
				- Parce que je 
				discute beaucoup mieux avec une tasse à la main, jeune homme, 
				répondit le professeur, interloqué.  
				
				Dans les yeux 
				d’Anna, la crainte avait remplacé l’excitation. Cet homme était 
				décidément bien étrange. Elle acquiesça d’un rapide signe de 
				tête et se dirigea sans un mot vers la cafetière, dissimulée sur 
				une petite étagère sous le comptoir, au milieu de dossiers 
				cartonnés de toutes les couleurs, d’étiquettes, de gommettes, de 
				scotch et de stylos.  Elle sentit que l’inconnu la suivait du 
				regard et s’en trouva étrangement gênée. Le visage du jeune 
				homme n’exprimait toujours rien, 
				et c’est ce rien qui mettait mal à l’aise. Les mains 
				tremblantes, elle se saisit d’un petit plateau, y posa les trois 
				tasses qu’elle remplit et ajouta un petit pot contenant des 
				morceaux de sucre, ainsi qu’un paquet de cookies. Elle prit 
				également quelques feuilles de papier et des stylos, au cas où 
				il y aurait des notes à prendre. Pendant ce temps, les deux 
				hommes s’étaient éloignés pour s’installer à l’écart, à une 
				petite table de travail près de la fenêtre qui donnait sur le 
				parc.  
				
				Quand Anna les 
				rejoignit, l’inconnu avait commencé à expliquer sa requête. Ou 
				plutôt, disait-il, il ne savait pas comment la formuler car 
				personne, aujourd’hui, n’était en mesure de comprendre ce qu’il 
				attendait précisément.  
				
				- Ecoutez, jeune 
				homme, disait le professeur, qui affichait maintenant un certain 
				agacement, c’est vous qui avez dit vouloir mon aide. Je suis un 
				scientifique. J’ai besoin de faits précis. Soit vous me racontez 
				tout, soit je m’en tiendrai au café que vient de nous apporter 
				Anna et notre conversation s’arrêtera là. Déjà, comment vous 
				appelez-vous ? Le jeune homme marqua un temps d’arrêt, avant 
				d’articuler, sur un ton toujours aussi neutre : 
				 
				
				- CR 428.  
				Anna croisa le regard du professeur, visiblement aussi 
				déboussolé qu’elle. Avaient-ils affaire à un fou ? Le jeune 
				homme, quant à lui, ne manifestait toujours aucune émotion.
				 
				
				- Je comprends, 
				continua-t-il. Je comprends mieux cette demande d’explication et 
				de faits que la nécessité d’un café pour discuter. Je vais 
				essayer de tout vous raconter.  
				
				Sans toucher à 
				la tasse qu’Anna avait posée devant lui, celui qui s’était 
				présenté comme CR 428 expliqua qu’il venait du futur. Du 
				XXVIIIème siècle, pour être précis. Il leur dit que les années 
				qui les séparaient allaient être le berceau de profonds 
				changements. Des changements plus importants encore que ceux qui 
				leur avaient permis, quelques siècles plus tôt, de sortir du 
				Moyen-âge. Des changements difficiles à expliquer pour qui ne 
				les avait pas vécus.  
				
				Tout d’abord, il 
				y avait eu des conflits régionaux, partout dans le monde. Pas 
				une guerre mondiale comme ce que racontent le plus souvent les 
				livres de science-fiction, mais une multitude de petites guerres 
				et d’actions terroristes opposant des communautés, des cultures, 
				des groupes sociaux. Puis il y avait eu la chute du 
				capitalisme,  foudroyé par sa propre incapacité à s’autoréguler. 
				Les pauvres de l’hémisphère nord, lassés du fossé qui se 
				creusait entre eux et les puissants, s’étaient liés aux pauvres 
				de l’hémisphère sud pour fomenter, via les réseaux sociaux et un 
				relais humanitaire conséquent sur place, une révolution mondiale 
				qui avait mis fin au système économique sur tous les continents. 
				Trop occupés par la chasse au terrorisme, les dirigeants du 
				monde n’avaient rien vu venir. Tout cela, bien sûr, était la 
				version officielle qu’on apprenait en son temps. - Excellent, 
				s’enthousiasma le professeur. Je n’osais plus y croire. Et c’est 
				pour quand ?  
				
				- Bientôt. Dans 
				vingt ans, précisément, répondit l’homme du futur. Mais ne 
				croyez pas que ce soit une bonne chose. Le capitalisme a 
				disparu, mais une autre idéologie l’a remplacé et d’autres 
				leaders sont nés de cette révolution.  
				
				Anna et le 
				professeur avaient oublié leur récente inquiétude et attendaient 
				impatiemment d’en savoir plus. Ils ne se demandaient plus si 
				l’homme était fou, si ce qu’il disait été possible. Ils 
				l’écoutaient, tout simplement. CR 428 leur expliqua que les 
				nouveaux leaders avaient voulu éradiquer tout ce qui avait nui 
				précédemment : les particularités, les cultures locales, les 
				langues régionales, les religions, la famille, les arts et la 
				consommation. Et même les identités. D’où son nom, car les 
				enfants étaient dorénavant immatriculés comme l’étaient les 
				voitures dans le passé. Selon les nouveaux dirigeants du monde, 
				l’avenir résidait dans les sciences exactes et le progrès 
				technologique. Pas le progrès qui se vend, mais le progrès pour 
				tous, pour avancer ensemble. D’ailleurs, l’argent avait été 
				supprimé.  
				
				- Les cultures 
				locales? L’art ? Mais pourquoi ? s’écria Anna. 
				
				- Et plus 
				personne ne parle occitan ? Quelle tristesse… déplora le 
				professeur.CR 428 répondit qu’il ne savait pas ce qu’était 
				l’occitan, mais que des langues comme l’allemand, l’ukrainien ou 
				l’italien avaient totalement disparu. En fait, seules 5 langues 
				étaient encore pratiquées : l’anglais, le français, l’espagnol, 
				l’arabe et le russe.  
				
				Il y eut un 
				moment de silence, pendant lequel Anna et le professeur 
				tentaient d’assimiler ce qu’ils venaient d’entendre. 
				 
				
				- Mais alors… Je 
				ne comprends pas bien, dit le professeur. Comment et pourquoi 
				êtes-vous là ?  
				
				- Je suis là 
				parce qu’il y a ici des livres, et que les livres n’existent 
				plus chez nous. Il y a bien des écrits, mais ils ne sont que 
				techniques et sur support numérique. Tous les livres qui 
				parlaient du passé ont été détruits. Tous les livres qui 
				parlaient d’émotions, de différences ou de désaccord ont été 
				brûlés. Nos leaders ont voulu qu’il ne reste aucune trace de 
				l’humanité imparfaite qui existait jusqu’à la deuxième moitié du 
				XXIème siècle. Sans culture, sans différence, il n’y a plus 
				d’émotions. Tout fonctionne sur une base contractuelle et tout 
				est tourné vers le progrès technologique. Nous sommes 
				conditionnés pour fonctionner comme des machines qui se doivent 
				d’être de plus en plus performantes. Sans affects. Comme tout le 
				monde à mon époque, je suis un scientifique. Le directeur de mon 
				laboratoire de recherche, AX 515, a mis au point, il y a 5 ans, 
				une technologie permettant de voyager dans le temps. J’étais son 
				assistant. Nous l’avons testée en nous projetant dans le passé, 
				25 ans avant la révolution. Ce fut une grande surprise pour nous 
				de découvrir que les gens se disputaient, souriaient, 
				échangeaient des futilités. Ce fut une plus grande surprise 
				encore de voir à quel point ils se construisaient à partir du 
				passé, des erreurs et des succès de l’histoire. Nous avons 
				découvert les livres, ceux qui renferment les connaissances, 
				mais aussi l’imaginaire des hommes. Nous avons découvert les 
				émotions, le doute, les sentiments, sans bien les comprendre. La 
				deuxième fois que nous sommes venus, nous avons vécu notre 
				première dispute au moment de repartir. C’était intense, 
				troublant. Nous en avons même ri, ce qui était encore plus 
				étrange que de se fâcher. Malheureusement, AX 515 a été arrêté 
				peu de temps après, le laboratoire fermé et sa machine détruite. 
				Le passé est banni de notre société et il avait enfreint la loi. 
				En tant qu’assistant, je n’ai pas été inquiété. Ce qu’ignorent 
				les autorités et que je ne saurais moi-même expliquer, c’est que 
				la brèche que nous avons ouverte dans le temps ne s’est pas 
				refermée. Je suis le seul à savoir qu’elle existe, et il faut 
				savoir qu’elle est là pour la trouver, dans notre ancien 
				laboratoire abandonné. Je veux changer mon présent. J’aime votre 
				façon de vivre, même si certaines choses me semblent étranges. 
				Comme le fait de mieux discuter quand on a un café, par exemple… 
				
				- Mais pourquoi 
				seulement des livres d’archéologie ? demanda Anna. 
				 
				
				- La brèche 
				créée par AX 515 permet de faire un bond en arrière de 700 ans. 
				Je suis incapable, seul, de reproduire cette technologie. 
				Pourtant, je veux connaître l’histoire. Je peux explorer votre 
				présent en vous rendant visite, bien sûr, mais comment 
				appréhender ce qui s’est passé ensuite ? Nous n’avons plus de 
				livres, pas de récits, et l’histoire s’efface au fur et à 
				mesure. La reconstruire à partir des traces matérielles et 
				technologies ramassées dans les anciennes villes, étudier les 
				objets abandonnés dans des sous-sols et les zones désertées, 
				c’est la seule solution. Mais je n’avais ni la méthode, ni la 
				curiosité, ni la bonne façon de regarder. C’est cela que je 
				cherche dans les livres d’archéologie.  
				
				- Ça se tient, 
				acquiesça le professeur. Et moi, dans tout ça ? Qu’attendez-vous 
				de moi ?  
				
				- Eh bien… Je 
				n’avais pas prévu d’établir un contact dans ce siècle. Mais je 
				n’y arrive pas tout seul… J’ai vu ce qu’ont fait les hommes, 
				j’ai scanné et lu plein de livres, j’ai acquis une méthodologie. 
				Mais il me manque quelque chose. Une question à laquelle je ne 
				sais toujours pas répondre. Or, répondre à cette question est 
				fondamental pour reconstituer les rites, les coutumes, 
				l’organisation des sociétés de mon passé et comprendre la 
				révolution. Et surtout, elle pourrait m’aider à renverser le 
				pouvoir en place, à changer la société de mon époque. 
				
				- Quelle 
				question ? demandèrent en chœur Anna et le professeur. 
				 
				
				- Oh… Une 
				question toute simple, pour vous, je pense… Qu’est-ce que c’est, 
				être un homme ? demanda le visiteur du futur avec un sourire 
				maladroit.   
				  
				Texte de Sophie Chatton, Toulouse (31), 2015 
                 
               | 
             
            
              
                
                 
              	
               | 
             
            
              
                 
               | 
             
            
              | 
                 
				Lo mainadet qui 
				volè vàder gran 
				  
				
				La bibliotecària suu pic lo remetó. 
				Qu'èra lo joen qui ne manlhevava pas qu'obratges d'arqueologia... 
				
				Lo purmèr còp que's presentè davant 
				la Lucia tà la balhar los sons libes, lo son espiar que la 
				pertoquè. N'èra pas tan lo blu deus sons uelhs mes aqueth 
				pregond tristèr que s'i podè léger.  
				
				Òc ben qu'èra un òmi deus beròis : 
				peu de lin, carradura atletica, que pareishè viéner tot dret 
				deus país nordics enlà. Totun lo son anar deishava a pensar que 
				la pena e'u pesava.  
				
				Que vienè tostemps lo dijaus au 
				vrèspe, a setmana passada, tà tornar los sons libes e se'n 
				tornar gahar d'autes. Que'n èra blua, la Lucia, deu véder tot 
				solet pendent que prenè libes per mainat. 
				
				L'òmi aus libes d'arqueologia per 
				mainat que l'intrigava mei anar mei. 
				
				  
				
				Un dijaus d'octobre, mentre que'u 
				vedè aprochà's deu taulèr, la soa curiositat qu'estó la mei 
				hòrta:  
				
				- Adishatz, b'avetz un 
				arqueologiassèr ! 
				
				- Ah que quiò ! Qu'empassa tots los 
				libes que'u pòrti, qu'ei ua vertadèra passion. 
				
				- Ètz arqueològue ? 
				
				- Pas briga, la soa passion qu'espelí 
				quan anè a visitar lo site de Fâ dab la soa classa. E'u 
				coneishetz ? 
				
				- Òc, segur que'u coneishi. Que'm 
				sovieni quan lo Jacme Dassié e'u descobrí. E sabetz qu'ei en 
				susvolant hromentars qu'a vist linhas mei claras au miei deus 
				prats verds ? 
				
				- Bissè que quiò ! Quina descobèrta 
				! Com demoram au ras que i tornèm mantuns còps. Que i a tanben 
				iniciacion a l'arqueologia peus mainats, pensatz donc, per eth 
				qu'ei lo paradís ! 
				
				- Quin atge a ? 
				
				- Qu'averà nau ans lo nau de genèr 
				qui vien. 
				
				- E sabetz, pendent las vacanças de 
				Marteror, dens l'espaci mainats, que hèm un talheròt intitulat : 
				"La mia passion e jo" ? Qu'avèm besonh de gojatòts com lo 
				vòste. Si voletz que'u podetz inscríver sus aquesta lista. Los 
				mainats que deveràn parlar de la lor passion e si ei possible 
				que haram viéner adultes especialistas tà discutir dab eths. 
				Listas que son estadas distribuidas dens las escòlas. Lhèu ei 
				dejà inscrivut ? 
				
				- Non, n'ei pas possible pr'amor qu'ei 
				malaut e sovent ne pòt pas anar a l'escòla. Que'u ne parlarèi. 
				Que pensi que i participaré dab plàser. 
				
				  
				
				Aqueth dia, la Lucia ne'n sabó pas 
				mei. Ne'n voló pas demandar mei, mes l'expression de la soa cara 
				que vadó tan còrdolenta que comprenó lavetz que la situacion 
				emocionau d'aqueth òmi èra tragica. Los sons uelhs que s'encrumín 
				quan prononciè lo mot "malaut”. Que pensè que devè estar ua 
				malaudia de las meishantas. 
				
				- Que m'agradaré hèra de har 
				coneishenças dab lo vòste hilh. E poderetz viéner un dijaus dab 
				eth ? 
				
				- Malurosament qu'èm separats la 
				mair e jo e lo hilh ne l'èi pas qu'a dimenjada passada. 
				 
				
				Mei que n'aprenó sus aqueth òmi mei 
				qu'averé volut ajudà'u. Que sabè qu'ateneré dab impaciéncia lo 
				dia on tornaré tà la bibliotèca 
				
				  
				
				Dus setmanas après, lo dijaus au 
				vrèspe, darrèr deu taulèr estant, la Lucia que vedó l'òmi que 
				tirava de cap ad era.  
				
				- Adishatz, que volerí inscríver lo 
				hilh au talheròt. Qu'èra tan estrambordat quan li perpausèi que 
				nse'n parlè tota la dimenjada. Que cerquè libes e magazinas tà's 
				préner e que comencè d'escríver un tèxtonet tà contar la soa 
				passion. Mercès, mercès plan, que serà per eth un gran moment de 
				bonaür. Que me'n vau causir d'autes libes.   
				
				- Que n'avem navèths : "Amic de l'arqueologia", 
				"Archeo-Animau", "Arqueologia ua istoria shens fin" e 
				" Un còp èra l'arqueologia".  
				
				En fèit, la Lucia qu'avè demandat 
				libes dens las bibliotècas a l'entorn tà har plaser au papà e 
				sustot au son mainadet.  
				
				Ne gausè pas demandar novèlas de la 
				santat deu petit. 
				
				Après l'inscripcion, que la tornè la 
				lista e que se n'anè tà préner navèths libes. Era, que s'esdeburè 
				tà'u léger : atau que s'aperava Cédric Berthelaud, qu'avè ueit 
				ans, qu'èra a l'escòla de Talmont e la soa passion qu'èra l'arqueologia, 
				çò que sabè dejà. 
				
				Adara qu'èra segur que vieneré, que 
				comencè donc de bastir castèths en l'aire. Que sabè qui 
				contactar. Que calè qu'aqueth jorn estossi deus meravilhós peu 
				mainadet. 
				
				Dus setmanas que s'escorrón. Aqueth 
				dijaus non vienó pas arrés tà cercar libes d'arqueologia. Mei l'òra 
				deu barrament qu'apressava, mei que còrtransiva. Que'u s'apoderè 
				ua angoisha pregonda. Segur, aquesta abséncia qu'entristejaré la 
				soa serrada lhèu los dias a viéner. 
				
				  
				
				L'endedia au matin, la Lucia que 
				vedó entrar ua dauna, joena, lesca, lo peu saure, qui èra 
				caralonga. Que's hasó en davant d'un pas mau-segur. Que pausè 
				dus libes suu taulèr. 
				
				- Adishatz, que ve'us torni de las 
				parts deu sénher Berthelaud.  
				
				- Adishatz, b'ètz la mamà deu Cédric 
				!   
				
				- Non, jo que soi Evelina, la 
				pariona deu son papa. Qu'ei tostemps eth qui vien tà préner 
				libes peu Cédric mes despuish dimars que demora a Bordèu a l'espitau.
				 
				
				- Ei malaut ?  
				
				- Non, qu'ei au capcèr deu hilh qui 
				ei ospitalizat tà ensajar navèths suenhs.  
				
				- Ei ua malaudia grèu ?  
				
				- Òc, hòrt grèu, qu'a ua tumor au 
				cervèth, ne pòt pas estar operat.  
				
				- Praubin ! Que me'n sap mau. 
				 
				
				La Lucia que s'esblasí, ne s'atenè 
				pas a ua tan maishanta novèla. D'escòp, que sentí un gran vueit 
				interior, que's devó assèder.  
				
				- Peu moment ne sofreish pas tròp, 
				qu'ei hèra coratjós e plea de vita e d'espèr. La soa
				passion per
				l'arqueologia qu'ei un remèdi miraculós.  
				
				- Avetz l'espèr d'ua guarison ?   
				
				- Lo Florian, lo papa e jo que'u 
				nse'n volerem miar tad America, d'acerà estant que poderem 
				ensajar autes suenhs qui n'existeishen pas aquiu. Solament la 
				mair ne'n vòu pas enténer a parlar !  
				
				Que haucè las espatlas e
				potegè
				tà exprimir lo son immense desarrei. 
				
				- Uei lo dia, lo mei important peu 
				Cédric qu'ei de participar au vòste encontre : "la mia 
				passion e jo", que caleré que tornèssi amassar fòrça 
				tà har aqueth talhèr.   
				
				Qu'ei mei que segur, ce pensè la 
				Lucia. Que demorava quate setmanas tà har d'aqueth dia un moment 
				excepcionau peu mainadet. Que calè qu'avossi çò de mei beròi.
				 
				
				  
				
				Mentre que l'Evelina s'encaminè de 
				cap a la pòrta, la Lúcia que sentí que deishava darrèr era ua 
				arralha on un sentit de despoder, ua delèra de bramar a l'injustícia 
				que's mesclavan dab ua dolor quasi paupadera, un treishaguèr 
				indescriptible, mes sustot ua fòrça suberumana tà non pas 
				deishar paréisher arren. 
				
				La Lucia que'n demorava tot 
				partvirada. Que'u gahè un gran flaquèr. Que sentí las lagremas a 
				pojar mes que calè que s'arregahèssi. Adara que calè que 
				tribalhèssi a braç virats tà que tot sia perfèit peu Cédric lo 
				dia "D".  
				
				  
				
				La quinzena seguenta, ne vedó pas 
				passar lo temps. Qu'avó mantuas cuentas dab l'organizacion deu 
				talheròt. La lista deus participants qu'èra plea. Dètz mainats 
				que vienerén tà parlar de la lor passion : quate musicians, tres 
				pompós, dus agricultors e un arqueològue. Qu'avè trobat un 
				adulte per tots los mestièrs. Tà çò deu Cédric que grandosegè. 
				La suspresa que seré de talha.  
				
				Lo dijaus just abans las vacanças 
				qu'avó la cara en gaujor quan lo Florian entrè dens la 
				bibliotèca. Segur qu'èra amagrit mes un sorríser que 
				l'enlugrejava lo visatge. 
				
				- Adishatz, que soi tan gai de'vs 
				tornar véder. Que vivom moments hòrt mauaisits. Peu moment qu'ei 
				fenit. Lo Cédric que va miélher. Qu'a plan tribalhat tà 
				presentar la soa passion aus sons amics. Dissabte que poderà 
				causir los sons libes eth medish. Que'vs mercegi per aqueth 
				suberbèth dia que viverà. Ne coneishi quitament pas lo vòste 
				prenom!  
				
				- Lucia, que m'apèri Lucia. Que'm 
				triga d'encontrar au vòste hilh. Que soi tan urosa d'enténer que 
				va plan. A dissabte donc.  
				
				  
				
				Los mainats que comencèn d'arribar 
				acompanhats peus pairs. L'espaci joenessa que's pleava. Los 
				adultes representant los diferents mestièrs qu'arribavan : 
				Valentin lo musician, Miquèu lo pompós, Robèrt l'agricultor. Ne 
				mancava pas sonque l'arqueològue e lo Cédric. 
				
				La Lucia qu'espiava la soa mòstra, 
				cinc minutas enqüèra. La pòrta que s'obrí. Que'us vedó, tots 
				tres, que n'anèn man e man, lo mainat au miei.  
				
				Que s'aviè de cap a eths. Que saludè 
				l'Evelina e lo Florian. Que s'abaishè tà préner la man que 
				l'aparava lo mainat. Alavetz que demorè desemparaulada. N'avè 
				pas jamei vist un èste tan luminós. 
				
				Devath lo bonet roi qui'u cobriva lo 
				crani, un visatge d'ua netetat irreau, un tint diafan. Las 
				subercilhas qu'avèn desapareishut. 
				
				Quan se 
				plantè los uelhs en los sons que demorè
				escopitada. Los sons uelhs 
				qu'èran d'un blu que n'avè pas jamei encontrat. Que i vedó dus 
				frinestòts obèrts suu cèu. Aqueth mainadet qu'avè quauquarren 
				vertadèrament especiau. Lo son còs, lampret, qu'èra aquiu, 
				davant era, mes dens lo son espiar que la sembla entervéder l'en 
				delà. Qu'èra un ànjol.  
				
				- Adishatz dauna Lucia, mercès per 
				aqueth bèth present, mila mercès, qu'ei un gran dia per jo. 
				
				Qu'èra tan trebolada qu'avè la votz 
				qui tremolava d'emocion. 
				
				- Adishatz Cèdric, que soi tan, tan 
				urosa de t'encontrar. Dab lo pair sovent qu'avem parlat de tu, 
				que soi en gran gaujor que t'agis podut juntar a nosautes 
				
				  
				
				La recepcion que podè començar. Los 
				mainats que parlèn ad arron de la lors passions respectivas. Los 
				adultes concernits que'us balhèn informacions sus lors mestièrs. 
				Finaument que vienó lo torn deu Cédric. Tot timide qu'èra, que's 
				retregè, quasiment estujat darrèr deus pairs. Que n'avè hartèra 
				deus que l'espiavan dab insisténcia. Quiò, qu'avè un bonet, quiò 
				qu'èra blanc com un linçòu. Lavetz averé calut que cridèssi au 
				monde qu'èra malaut ?  
				
				- Que m'apèri Cédric. La mia passion 
				despuish que soi petitonet qu'ei l'arqueologia. Que vòli vàder 
				gran tà estar un arqueològue, disem un arqueozoologue pr'amor 
				que m'interèssan las relacions deus òmis dab los animaus.....
				 
				
				Que paraulejava, mainats, adultes, 
				tots que l'escotavan en badant. Arrés n'averé gausat copà'u la 
				paraula. Los sons uelhs hueguegèn, las gautas qu'enrosín. La soa 
				cara qu'arrajava un bonaür deus grans.  
				
				- Òc, mes abans tot que devi vàder 
				gran. 
				
				Per eth qu'èra la condicion purmèra. 
				Qu'èra pleament conscient de la soa malaudia. Qu'ac sabè, shens 
				un guariment totau ne vaderé pas gran donc ne seré pas jamei un 
				arqueozoologue.  
				
				Un òmi d'atge que's quilhè, que's 
				hasó en davant de cap au Cédric, silenciós. Que'u pausava la man 
				dreta suu bonet. 
				
				- Gran ! Que n'ès dejà. Dens lo ton 
				còr, dens la toa amna, dens lo ton esperit qu'ès lo mei gran de 
				tots nosautes. Qu'èi ua proposicion tà't har. E t'agradaré 
				viéner dab jo tà subervolar lo site deu Fâ ? Solide, ne 
				pilotarèi pas, un amic qu'ac harà, mes que i serèi tà't har 
				descobrir lo Fâ vist deu cèu. Ne seràs pas desahidat. Que soi lo 
				Jacme.  
				
				Tan urós qu'èra lo Cédric, qu'abracè 
				las camas de l'òmi d'atge, lagremas que colavan sus las soas 
				gautas mentre qu'un sorríder florejava suus pòts.  
				
				L'emocion qu'èra au mei haut. 
				 
				
				  
				
				Lo temps passè : quinzenats, mes, 
				pas nada visita deu Florian ni de l'Evelina a la bibliotèca.
				 
				
				Quauques dias abans nadau, lo Cédric 
				susvolè lo Fâ. La Lucia qu'ac aprenó deu Jacme. Lo mainat qu'èra 
				atequit. N'avè pas mei la fòrça tà marchar. Lo pair que'u devó 
				portar. Acerà haut, pendent l'òra deu vòl, lo son visatge tan 
				triste que s'enlugregè. Après lo son partir, lo Jacme que's 
				desglarè en plors. 
				
				- Aqueth mainadet ne vaderà pas 
				jamei gran. Ce disó lo Jacme. 
				
				  
				
				Heurèr qu'arribè, un dissabte matin 
				la Lucia que vedó lo Florian e l'Evelina suu portalèr. Que
				 
				
				comprenó de tira, en vede'us en·heishats. 
				Era, que s'arrapava au son braç, los uelhs esconuts darrèr 
				lunetas negras. Que la balhèn l'impression de lutà's dab ua 
				arruhèca invisible. Lo Florian que pausè los dus libes suu 
				taulèr. 
				
				- Qu'ei fenit, lo Cédric que se n'anè 
				lo ueit de genèr. Quina sòrta trufandèca ! Eth qui volè vàder 
				gran, n'avó pas solament nau ans. Que's morí lo dia abans lo son 
				aniversari. Que hasó a las estòrças dab lo mau dinc a la fin. 
				Qu'estó tan coratjós, un gojatòt coralut. Que'm deishè açò per 
				vos. 
				
				Lo Florian que l'aparè ua envolòpa 
				blua. 
				
				D'un blu que la brembè lo blu deus 
				sons uelhs. Que s'engorgossí. Las mans tremolantas, que l'obrí, 
				que se'n dè entà non malastrusir-la. Qu'èra conscienta d'aver un 
				tesaur dens las mans. A l'interior que i avè ua huelha blanca, 
				que la despleguè. L'escritura qu'èra de las berojàs, uèra, blau 
				d'azur. Que lejó.  
				
				  
				
				Lucia, 
				
				Segur ne me'n voleretz pas de 
				vs'aperar Lucia. Qu'ètz ua lutz. Qu'èratz estada la mia lutz. 
				
				Qu'èratz estada la lutz qui enclarí 
				los darrèrs mes, los darrèrs dias de la mia vita tròp brac. 
				
				Gràcias a vos que podèi volar, véder 
				lo site de Fâ d'acerà haut, qu'èra meravilhós. 
				
				Qu'estotz tanben la mia lutz a la 
				bibliotèca. Aqueth dia que gausèi har cap a l'espiar deus autes,
				 
				
				que'us gausèi parlar e qu'encontrèi 
				lo Jacme. 
				
				Mercès, mercès plan Lucia, que m'ei 
				degrèu de partir. La vita que m'agradava tan. Los pairs que 
				
				seràn tan tristes, siatz la lor lutz, 
				qu'averàn daun de vos tà mestrejar lo lor treishaguèr. 
				 
				
				Adiu Lucia,
				ne vaderèi pas jamei gran. 
				La grana lutz que m'apèra. 
				
				Cédric  
				
				  
				
				Que'us aparè la letra. Que calèva 
				que la lejossin. 
				
				Atau que sabè la mort que'u gaharé lèu, ce pensè 
				la Lucia. 
				Alavetz que comprenó lo sens de "vàder gran” dens l'esperit deu 
				mainadet. Peu Cédric, "vàder gran” qu'èran dus mots magics tà 
				non pas emplegar "guarir” o "víver”. "Guarir” que'u hasèva 
				tornar a la soa malaudia, tà çò qui ei de "víver”, la mort qu'arrodejava 
				a l'entorn... Que volè vàder gran e sonque tà estar un 
				arqueozoologue. 
				
				La Lucia 
				ne podó pas està's de plorar. 
				Texte de Marylène Couillaud, 
				Casteide-Candau (64), 
				2015  | 
             
            
              
                
                  | 
             
			
              | 
          
               | 
             
            
              
				  
				Le recueil de nouvelles "Coups de théâtre à la 
				bibliothèque"  est également disponible, au prix de 8.00 €, 
				sur le site de l'éditeur
				 
				
				Le Griffon Bleu. | 
             
            
              
                 
               | 
             
            
               | 
               | 
             
            
              
                
                Retour
                à l'accueil 
               | 
               | 
             
            
              
                
                
              Accès aux nouvelles 2014 | 
              
                | 
             
           
         
       |